Les flux mondiaux d'investissements directs étrangers (IDE) ont chuté de 42% à environ 859 milliards de dollars, l'année dernière par rapport à l'année 2019, en raison de l'impact économique de la Covid-19, selon le dernier Global Investment Trends Monitor de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) publié hier. Selon le rapport, ce sont les économies développées qui ont connu la plus forte baisse, les IDE atteignant, selon ces estimations, 229 milliards de dollars, soit une un recul de 69% par rapport à 2019. Les flux vers l'Europe se sont complètement taris, enregistrant des niveaux entrants négatifs de -4 milliards de dollars. Certains pays européens ont affiché d'importants flux négatifs. Les flux d'IDE vers l'Amérique du Nord ont fléchi également de 49% à 134 milliards de dollars. La baisse des flux d'IDE vers les économies en développement a été moins importante, soit -12%. La part des économies en développement dans les IDE mondiaux a atteint 72%. Les flux ont diminué de 37% en Amérique latine et dans les Caraïbes, de 18% en Afrique et de seulement 4% dans les pays en développement d'Asie. En 2020, les pays en développement d'Asie ont représenté un tiers des IDE mondiaux. Par ailleurs, les flux vers les économies en transition ont diminué de 77% pour s'établir à 13 milliards de dollars. En Afrique du Nord, les flux d'IDE ont diminué de 32% à 9,4 milliards de dollars, contre 14 milliards de dollars en 2019. Seuls les flux vers le Maroc ont été robustes et sont restés inchangés, à 1,6 milliard de dollars. Le profil des IDE du Maroc est relativement diversifié avec la présence établie de plusieurs grandes multinationales, dans les industries manufacturières, notamment l'automobile, l'aérospatiale et le textile. Les flux des investissements directs étrangers (IDE) à destination de l'Algérie ont enregistré une baisse de 6% en 2019, pour s'établir à 1,382 milliard de dollars, contre 1,466 milliard de dollars en 2018. Les flux des IDE sortants ont suivi la même tendance, passant de 880 millions de dollars en 2018 à 83 millions de dollars l'année dernière. "L'investissement direct étranger en Algérie reste faible", relève le plan de relance économique 2020-2024 élaboré par le ministère délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Prospective. En effet, le pays attire très peu d'IDE dans la région Afrique du Nord, soit à peine 10% en 2019. Par ailleurs, l'essentiel de ces IDE se concentre dans le secteur de l'énergie et ne contribue pas à la diversification économique. Ceux-ci ont connu une baisse graduelle en passant de 2,3 milliards de dollars en 2010 à 1,38 milliards dollars en 2019. Un désinvestissement a même été enregistré en 2015 après le choc pétrolier de 2014. "Parmi les freins aux IDE dans les secteurs hors hydrocarbures, nous pouvons citer le climat des affaires, la réglementation sur le transfert des capitaux à l'étranger ou encore la loi imposant la participation d'une partie algérienne à un minimum de 51%" relève le document du ministère chargé de la Prospective. Cette loi a récemment été modifiée pour ne s'appliquer qu'aux secteurs stratégiques. Pour le ministère délégué chargé de la Prospective, la crise de la Covid-19 a accentué un mouvement de régionalisation des chaînes de valeur mondiales dont l'Algérie pourrait profiter pour relancer et diversifier son économie.