L'attaquant David Trezeguet, dont la participation au décisif Suisse-France samedi en qualifications du Mondial-2006 paraît très compromise en raison d'une blessure à la cuisse gauche, est poursuivi par la malchance en équipe de France de football depuis quelques mois. Au retour de Dublin, le 7 septembre, la France ne semblait avoir que l'embarras du choix au rayon offensif. On se réjouissait au premier chef du retour de Trezeguet, suspendu contre les îles Féroé (3-0) et l'Eire (1-0) après son exclusion en Israël fin mars, qui allait permettre de revoir associés “Trezegol” et Thierry Henry. Au gré des blessures de l'un ou de l'autre, puis de la suspension du Franco-Argentin, ce duo n'a été aligné qu'une seule fois par Raymond Domenech : lors de France-Suède (1-1), le 9 février, au Stade de France. Le but français avait d'ailleurs été marqué par Trezeguet sur un centre de Henry. Rapidement, on a toutefois su que Henry, le héros buteur de Dublin, ne serait pas du rendez-vous décisif de Berne en raison d'une pubalgie aiguë. Mais on se consolait en admirant les arabesques de Trezeguet qui empile les buts en série A italienne et en Ligue des champions depuis le début de la saison. Au point de revenir à deux unités seulement du record de Platini (104 buts avec la Juve). Mais il était dit que l'histoire de “Trezegol” avec les Bleus n'avait rien d'un long fleuve tranquille. Et la mauvaise nouvelle est tombée dimanche soir, quand il a quitté la pelouse à la 60e minute de Juve-Inter (2-0) en se tenant la cuisse gauche. Et Trezeguet le goleador a laissé la place à Trezeguet le maudit, annoncé forfait lundi par son club après des examens médicaux qui ont conclu à une élongation de la cuisse gauche qui nécessiteraient “sept à dix jours” de repos, selon la Juve. L'encadrement des Bleus, qui n'a communiqué qu'hier, en début d'après-midi, au sujet des états de forme du groupe, n'a, toutefois, pas confirmé le forfait de Trezeguet pour les deux matches à venir. Une éventuelle absence de “Trezegol”, pour l'un ou pour les deux matches, donnerait toutefois raison au toujours très prudent Raymond Domenech qui confiait récemment : “Tant que le dernier match n'est pas joué, on ne sait pas sur quoi tabler. Après l'Irlande, on m'a demandé "comment allez-vous faire avec tous les attaquants que vous avez ?" (...) Je ne me pose les questions tactiques que quand je suis à peu près sûr de savoir qui va jouer.” Sans Henry ni Trezeguet, ses deux meilleurs buteurs en activité avec respectivement 30 et 31 buts, l'équipe de France ne disposerait plus que d'un vrai attaquant de pointe, Djibril Cissé. Peguy Luyindula (Auxerre) et Sylvain Wiltord (Lyon) peuvent aussi dépanner dans ce rôle même s'ils ont davantage l'habitude d'évoluer en soutien d'un autre attaquant. Les Bleus se sont déjà retrouvés sans leurs deux attaquants fétiches dans leur histoire récente. C'était pour le match amical contre la Hongrie (2-1), le 31 mai à Metz. Et on y avait vu de bons enchaînements, notamment sur le côté gauche, dans un système en 4-3-2-1 “à la lyonnaise” où Wiltord, à droite, et Malouda, à gauche, avaient joué derrière la pointe Cissé. Le retour depuis l'été de Zinédine Zidane en position de meneur de jeu axial ne permettrait évidemment pas de reconduire tel quel ce système. Mais cela peut toujours servir de base à la réflexion du sélectionneur, qui va maintenant prier pour que Lilian Thuram et Zinédine Zidane, pas au mieux physiquement, ne le lâchent pas d'ici samedi.