Cet événement intervient dans un contexte marqué par la relance de la mise en œuvre de l'accord de paix et l'éventualité d'un retrait des forces françaises de l'opération Barkane. Stupeur et indignation au lendemain de l'assassinat du président en exercice de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), Sidi Brahim Ould Sidati, à la suite d'une attaque perpétrée mardi à Bamako par deux individus armés non identifiés. Alors que le gouvernement malien a condamné le meurtre "d'un des acteurs importants du processus de paix au Mali", la CMA a également condamné "cet acte lâche et abominable". La CMA, qui a précisé que son leader a été assassiné alors qu'il conduisait une mission dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, a exigé dans un communiqué "la diligence d'une enquête indépendante et transparente bénéficiant d'un fort engagement des autorités de la transition mais également de l'implication des parties prenantes au processus de paix au Mali, notamment de la médiation internationale à travers la Minusma". Mais, au-delà des réactions d'indignation qu'a provoquées cet assassinat, les Maliens s'interrogent sur qui a tué le président du CMA et dans quel but, au moment où les autorités maliennes ont annoncé l'ouverture d'une enquête pour déterminer les tenants et les aboutissants de ce crime qui vient priver le Mali de l'un des artisans de la paix. Sidi Brahim Ould Sidati était un personnage très important au Mali et était connu pour être un homme de consensus. Après avoir été élu maire d'une localité du nord-ouest du pays à Tombouctou, puis président du Mouvement arabe de l'Azawed, il a ensuite été président de la coordination des mouvements Azawed, une alliance composée essentiellement d'anciens groupes armés qui activaient dans le Nord à partir de 2012 , et au nom de laquelle il a signé l'accord de paix et de réconciliation en 2015. Dans ce contexte, les observateurs se posent surtout la question qui a trait aux conséquences sur l'accord de paix et de réconciliation, issu du processus d'Alger, de sa disparition tragique qui intervient alors que l'accord d'Alger est remis sur les rails après la reprise à la mi-février au Kidal des réunions du comité de suivi de l'accord d'Alger. Un événement qui avait en effet préfiguré d'un retour d'un climat de confiance, selon les observateurs, après les difficultés à le mettre en œuvre des années durant en raison des rapports tendus avec le gouvernement malien. Cet assassinat va-t-il donner de l'eau au moulin des va-t-en-guerre et de durcissement des positions au sein de l'ex-rébellion des Azawed dont il était parmi les plus modérés et aptes au dialogue ? Un scénario dont aucuns aimeraient bien se passer dans un contexte politique incertain, où les autorités de transition s'attellent à préparer dans les prochains mois des élections qui doivent ramener la stabilité au pays.