La police tchadienne a dispersé hier à coups de gaz lacrymogène une manifestation pacifique à N'Djamena de dizaines de personnes à l'appel de Wakit Tamma, une coalition de partis d'opposition et de représentants de la société civile, pour exiger le retour à l'ordre constitutionnel et la remise du pouvoir aux civils. Dans le 6e arrondissement de N'Djamena, dans le sud de la capitale, les forces de l'ordre qui étaient massivement déployées dans les rues de la capitale ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser une tentative de rassemblement sur la place First Africa. "Oui à un pouvoir civil", ont écrit sur une pancarte des manifestants, rapportent des médias tchadiens. Selon les mêmes sources, un petit groupe de manifestants a brûlé des drapeaux français, dans le 5e arrondissement, dans le nord de la capitale. La France est accusée par une partie de l'opposition de soutenir le nouveau pouvoir depuis que le président Emmanuel Macron est venu à N'Djamena rencontrer les nouvelles autorités à l'occasion des funérailles du maréchal Déby, seul chef d'Etat occidental à avoir fait le déplacement. Quelques manifestants sont également descendus hier matin dans la rue à Moundou où les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser le rassemblement. Au moins trois personnes ont été arrêtées, alors que les manifestants avancent le chiffre de 13 arrestations. Vendredi, les autorités militaires ont signifié l'interdiction des rassemblements prévus par Wakit Tamma, une coalition de partis d'opposition et de représentants de la société civile, qui avait appelé à manifester contre le Conseil militaire de transition (CMT), dirigé par le fils d'Idriss Déby, Mahamat Idriss Déby, qui concentre presque tous les pouvoirs. Réagissant à cette interdiction, le coordonnateur de Wakit Tama, Me Max Loalngar, a martelé qu'ils (les membres du Conseil militaire de transition, ndlr) sont "illégaux" parce que issus d'un coup d'Etat. "Ils sont complètement illégaux, ils sont issus d'un coup d'Etat. C'est ce que nous sommes en train de combattre. Personne ne va flancher. Des pressions immenses sur nos têtes pour que nous collaborons avec eux. Nous n'allons même pas les rencontrer, parce que nous ne les reconnaissons pas. Qu'ils suspendent le CMT, on ira vers eux", tranche Me Max Loalngar. Aussi, la plateforme Wakit Tamma, l'organisatrice de cette marche, a donné consignes aux jeunes leur demandant de regagner leurs quartiers respectifs pour manifester. Rappelons que cette tentative de marche fait suite à celle organisée le 27 avril pour protester contre la prise du pouvoir par le Conseil militaire de transition (CMT) et où six personnes ont été tuées à N'Djamena et dans le sud du Tchad, selon les autorités, neuf selon une ONG locale. Plus de 600 personnes ont été arrêtées. Depuis la mort du président Déby, Mahamat Idriss Déby a dissous l'Assemblée nationale et s'est arrogé le titre de président de la République. Le nouvel homme fort du pays est entouré de 14 généraux, tous fidèles à son père. La junte a constitué dimanche par décret un gouvernement de transition composé de 40 ministres et secrétaires d'Etat. Les postes régaliens sont presque tous aux mains de membres du Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti d'Idriss Déby. Deux membres du parti de l'opposant historique au maréchal Déby, Saleh Kebzabo, ont fait leur entrée dans le gouvernement de transition. A. R./Agences