Les opérations de déstockage et de vente directe par de producteurs n'ont pas induit les baisses escomptées sur les prix des fruits et légumes. En dépit des quantités stockées qui ont dépassé 1,6 million de tonnes, les prix des produits agricoles n'ont pas connu de baisse pour soulager les citoyens aux bourses moyennes durant le mois de Ramadhan. Certes, ce n'est pas encore la période des récoltes pour la tomate par exemple, mais les pouvoirs publics devraient anticiper sur cette problématique pour que le prix du kilogramme de ce produit n'atteigne pas le niveau prohibitif de 180 DA. Les autorités fondaient leur espoir sur la production sous serres en mettant sur le marché l'équivalent de 226 387 tonnes de tomate pour faire baisser les prix. Un apport qui a réduit le prix à 110 DA. Mais avec de tels niveaux de tarifs, la tomate demeure inaccessible pour la majorité des consommateurs. Le même constat est établi pour la pomme de terre dont le prix a surpris tous les acteurs de la filière. 100 DA le kg, était un scénario inattendu durant le Ramadhan, y compris pour les responsables du ministère du Commerce. Car, l'offre a avoisiné les 340 000 tonnes contre 298 000 tonnes e n 2020. À cela il y a lieu d'ajouter le stock de 11 000 tonnes mis sur le marché par l'Office national interprofessionnel des légumes et viandes (Onilev). Les dernières intempéries ayant touché de nombreuses wilayas, notamment Mostaganem, ont été à l'origine de la hausse des prix de ce produit. L'autre argument avancé concerne la contreperformance de la wilaya d'El-Oued qui, d'habitude assure 60% des besoins nationaux. L'apport de cette wilaya du Sud est attendu pour ces jours-ci. Les prévisions du ministère du Commerce indiquaient une baisse jusqu'à 40 DA le kg du tubercule notamment avec l'opération de déstockage lancée par l'Onilev qui a mis en place des points de vente dans différentes régions et localités où les tarifs pratiqués se sont situés entre 45 et 50 DA. Or, aujourd'hui, la pomme de terre est paradoxalement commercialisée à 85 DA. Cette hausse serait-elle liée à l'approche de la fête de l'Aïd, période durant laquelle les prix des produits agricoles et certains produits alimentaires enregistrent une flambée ? En tout cas, ni la vente directe par des producteurs autorisée par le département de Kamel Rezig ni les soldes et les ventes promotionnelles accordés aux commerçants, détaillants et grossistes, n'ont eu d'effets immédiats pour faire baisser les prix. Déficit en infrastructures commerciales D'autres arguments sont avancés par le ministère. L'on peut citer le manque flagrant d'infrastructures commerciales en Algérie. "Pour 1 541 communes, il n'existe que 865 marchés. Le déficit est criant", a relevé récemment, Ahmed Mokrani, directeur de l'organisation des marchés et des activités commerciales au ministère du Commerce. Néanmoins, ajoute-t-il, le ministère est en train de construire 7 marchés de gros aux normes internationales requises par la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). Celui de Sétif a été d'ores et déjà réceptionné et il est opérationnel. Ceux de Bourached à Aïn Defla, d'Aïn Ouessara à Djelfa, de Ben Abdelmoumen à Mascara, d'Aïn Beida à Ouargla ont été également réceptionnés. Des marchés de gros pour l'alimentation générale sont aussi projetés à proximité des zones de production notamment à Batna, Tiaret, Béchar, Boumerdès, Mila et Guelma. L'objectif recherché est de réguler au maximum le marché en assurant un approvisionnement régulier de tous ces espaces commerciaux et de permettre aux agents de contrôle d'accomplir leurs missions de régulation. Pa r ailleurs, l'on dénombre 625 marchés de proximité édifiés, mais inexploités à cause de leur éloignement des agglomérations et du manque de commodités (problème d'aménagement : manque d'électricité, de réseau d'alimentation en eau potable...). Cela dit, le ministère escompte exploiter au moins 250 de ces marchés abandonnés et les spécialiser en fruits et légumes afin d'alimenter les cités nouvellement construites qui demeurent dépourvues d'espaces commerciaux. Plus de 340 jeunes ont même été autorisés à vendre dans ces cités avec un registre de commerce de marchand ambulant. Pour le reste de ces marchés, le ministère de l'Intérieur peut les transformer en salles de sport ou pour toute autre vocation.