Même si l'étude des recours est toujours en cours, le nombre de listes indépendantes est largement supérieur à celui des partis politiques. Les élections législatives du 12 juin prochain risquent de réserver des surprises. Les chiffres des dossiers de candidatures acceptées par l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) ne laissent plus aucun doute ; les listes indépendantes mènent la course en tête tandis que les anciens partis du pouvoir risquent d'être mis en minorité. Selon les premiers éléments fournis par Mohamed Charfi, président de l'Anie, pas moins de 837 listes indépendantes et de 646 listes de partis politiques, sur l'ensemble de 1 483 listes, ont été acceptées "sans réserve" pour prendre part aux élections législatives du 12 juin prochain. L'étude des recours est toujours en cours. Le nombre de listes indépendantes est donc largement supérieur à ceux des partis politiques qui ont accepté de participer au scrutin législatif. Cela en attendant les recours introduits par les listes et des partis politiques. Cela concerne quasiment toutes les formations politiques. À titre d'exemple, le parti El-Moustaqbal a introduit des recours sur au moins 40% de ses listes, déposées dans 57 wilayas, selon son président, Abdelaziz Belaïd. Mais le plus grand perdant dans cette opération est le parti du Front de libération nationale. La formation politique que préside Abou El Fadhl Baadji risque d'être absente dans une bonne partie des wilayas du pays. De l'aveu du secrétaire général lui-même, les "candidats du FLN ont subi une exclusion systématique" de la part des responsables locaux de l'Anie qui se seraient "alignés sur des partis opposants". Dans un long communiqué rendu public avant-hier, l'ancien parti unique accuse des responsables locaux de l'Anie de "sectarisme" et de "règlements de compte". Il demande à Mohamed Charfi d'intervenir. Dans les reproches faits à l'Anie, on retrouve les mêmes que d'autres formations politiques et des listes indépendantes. Il s'agit notamment d'une application "abusive", selon le FLN, de l'article 200 du nouveau code électoral qui permet aux structures locales de l'Anie de rejeter une candidature sur la simple base d'un soupçon de proximité avec les milieux d'affaires ou à cause de poursuites judiciaires. Cette situation a poussé de nombreux chefs de partis politiques à demander une réunion avec le président de l'Anie. Mais après plus de 4 heures de discussions, les deux parties ne se sont mises d'accord que sur le principe de créer une "commission de concertation". Aucune autre décision concrète n'est sortie de cette réunion. Si le rejet d'une candidature peut ne pas impliquer le refus de toute la liste, le FLN peut, en revanche, être exclu dans certaines wilayas. C'est le cas à Tizi Ouzou où les responsables locaux de cette formation politique n'ont pas pu constituer la liste en complétant les noms des candidats dont les dossiers ont été déjà rejetés par l'administration. En plus du nombre impressionnant de listes indépendantes acceptées par l'Anie, l'attitude de certains partis politiques traditionnels risquent de créer une Assemblée aux contours inédits. Des formations comme El-Binaa, d'Abdelkader Bengrina, ont recouru à des candidats étrangers à leurs rangs. Un jeu auquel s'est adonné même le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui précise, en revanche, qu'il s'agit de ses sympathisants. Si la tendance actuelle est reconduite après la publication finale des listes qui vont concourir lors de ce scrutin législatif, le pouvoir aura atteint son objectif de faire élire une Assemblée populaire nationale constituée d'élus indépendants issus de "la société civile". Le chef de l'Etat aura alors toute latitude de désigner le Premier ministre de son choix.