Si son occupation immédiate ne s'accompagne pas des moyens de prévention liés à la protection de l'environnement, ce nouveau pôle urbain risque d'offrir la même image hideuse que le centre-ville de Béjaïa, avec ses mini-décharges à chaque coin de rue et de quartier, ses oueds intra-muros devenus des égouts à ciel ouvert, craint l'association. Les membres de l'association sociale pour la protection du consommateur et de l'environnement Talsa de Béjaïa ont saisi le wali de Béjaïa sur les leçons à tirer du séisme du 18 mars dernier et ce que doit prendre en considération, à brève échéance, la cellule de crise pour le suivi du recasement des sinistrés, à savoir préparer au mieux le transfert de ces derniers et des milliers de bénéficiaires de logements, tous programmes confondus, prévu au pôle urbain d'Ighzer Ouzarif, dans la commune d'Oued-Ghir, quelque 10 km du chef-lieu de wilaya. Hasard du calendrier, quelque 5 700 logements, AADL 1, AADL 2 et RHP (résorption de l'habitat précaire) devraient être distribués au plus tard au début de la semaine prochaine. Il faut dire que dans leur missive, appuyée d'une enquête de terrain relative à la politique de la ville en matière d'urbanisme – étude envoyée à la présidence de la République le 16 septembre 2020 –, les rédacteurs s'étaient basés sur le cas du pôle Ighzer Ouzarif. Ils ont indiqué que leur association avait suivi avec beaucoup d'intérêt et d'appréhension la situation dramatique, engendrée par le séisme du 18 mars dernier et de ses répliques, sur les populations de la haute ville qui ont vécu des nuits cauchemardesques pour avoir passé plusieurs nuits soumises à la pluie et au froid glacial durant toute une semaine, obligeant les plus hautes autorités du pays à prendre en charge directement le dossier à leur niveau. Une situation qui a plongé dans la misère sociale des familles pauvres résidant dans les vieux quartiers de la ville (cité Bellil ; ex-Lacifa), Kahoua-Zoubir, bidonville Soummari, Bab Louz, Edimco, Houma Keramane, cité Tobbal, etc.), a soutenu le président de l'association Talsa, Amar Bouamara. Cette situation a dévoilé aussi la misère sociale de certaines familles éliminées des listes prioritaires pour avoir reçu en héritage de vieilles baraques construites au lendemain de l'indépendance, ou encore d'autres familles, réfugiées sur des terrains privés en bordure de rail de la SNTF, pour y construire des baraques de fortune, à la merci d'une expulsion que les propriétaires des terrains menacent de récupérer pour en faire des aires de stationnement ou de stockage commercial (Oued Ghir, par exemple). Toutefois, l'objet de leur intervention, rappelle le président de l'association, auprès de la cellule de crise mise en place touche l'aspect environnemental, sachant qu'un transfert prochain de centaines de familles sinistrées du séisme du 18 mars et de ses répliques, mais aussi des bénéficiaires de logements, tous types confondus, vers le nouveau pôle urbain d'Ighzer Ouzarif, "alors que les conditions d'habitabilité ne sont pas réunies sur plusieurs plans, ce qui ne manquera pas de déstabiliser la commune d'Oued Ghir, puisqu'une partie du site de l'ancienne décharge sauvage est occupée par le programme d'habitat AADL, OPGI, LSP (...)", a écrit l'association. Il sera donc très difficile pour la commune de réguler dans un minimum de temps un accueil à ce flux de populations et de faire face à leurs besoins immédiats d'installation, regrette le président de l'association. Sans oublier, ajoute-t-il, les nouveaux besoins inhérents à cette arrivée massive de populations en matière de crèches, de scolarisation de leurs enfants dans les différents paliers, de soins de proximité à travers la création de centres de santé ou d'un hôpital, de sécurité, de transport, de services postaux, d'antennes administratives pour l'état civil, etc. et enfin d'une unité Protection civile. Le site est prévu pour un total de 80 000 habitants. Se basant sur leur enquête, les membres de l'association affirment que "si son occupation immédiate ne s'accompagne pas des moyens de prévention liés à la protection de l'environnement, ce nouveau pôle urbain risque d'offrir la même image hideuse que le centre-ville de Béjaïa, avec ses mini-décharges à chaque coin de rue et de quartier, ses oueds intra-muros devenus des égouts à ciel ouvert". M. OUYOUGOUTE