L'autre défi pour le nouveau gouvernement de Bamako est sécuritaire, surtout après l'annonce du retrait des soldats français de l'opération Barkane. Au moment aussi où les groupes terroristes multiplient les attaques à la frontière avec le Burkina Faso. Le nouveau Premier ministre malien de transition a réuni son gouvernement pour la première fois dimanche en lui assignant une feuille de route très chargée à remplir dans un temps compté avant des élections censées ramener les civils au pouvoir en février 2022. Choguel Kokalla Maïga, à la tête d'un gouvernement dominé par les colonels auteurs de deux putschs en neuf mois, a reconnu la gravité d'une "période des plus critiques de notre histoire contemporaine". "Nous sommes engagés dans une véritable course contre la montre. Les Maliens nous observent et comptent sur la réussite de cette transition qui, pour beaucoup d'entre eux, semble être celle de la dernière chance pour sauver la nation", a-t-il dit à l'ouverture de ce conseil des ministres. M. Maïga, nommé à son poste par le colonel Assimi Goïta, homme fort du Mali depuis août 2020 et désormais président de transition, a fixé pour priorités à son gouvernement "l'amélioration de la sécurité, les réformes politiques et institutionnelles, l'organisation d'élections crédibles" ou encore la prise en compte des demandes sociales. Il prend ses fonctions alors que le pays est aspiré depuis des années dans la tourmente terroriste et des violences de toutes sortes. La crise sécuritaire va de pair avec de graves crises politique et sociale. Cela a lieu dans un contexte sécuritaire marqué par l'annonce par le président français Emmanuel Macron du retrait des soldats français de l'opération Barkhane au profit d'une internationalisation de la lutte antiterroriste dans le Sahel, qui a succédé à l'autre décision de Paris de mettre fin à sa coopération militaire avec les forces armées maliennes. Autant de décisions subites qui ne seraient pas étrangères à la démission du chef d'état-major des armées françaises, le général François Lecointre, et dont l'impact commence à se sentir sur le terrain. Dans ce sillage, l'on annonce que deux soldats maliens ont été tués samedi soir dans le nord du pays, lors d'une attaque imputée à des terroristes, et huit Casques bleus ont été blessés dimanche dans l'explosion d'une mine dans le centre, a-t-on annoncé dimanche de sources militaires, sécuritaire et onusienne. "Deux de nos hommes ont été tués par les terroristes samedi soir dans l'attaque d'un de nos check-points à 60 km au sud-ouest de Gao", a déclaré à un responsable militaire sous le couvert de l'anonymat. Un autre responsable militaire a fait état de deux soldats morts et un blessé. Les soldats ont été attaqués alors qu'ils déplaçaient leur poste de contrôle d'une centaine de mètres, vers une position près de laquelle les assaillants s'étaient embusqués, a dit un responsable sécuritaire s'exprimant aussi sous le couvert de l'anonymat. Dimanche, huit soldats de la mission de l'ONU au Mali (Minusma) ont été blessés, dont cinq gravement, quand leur véhicule a sauté sur une mine à l'est de Douentza (centre), non loin d'un camp de l'armée malienne, ont indiqué des responsables onusien et militaire malien. Le Conseil de sécurité de l'ONU a aussi programmé pour hier une réunion trimestrielle sur le Mali.