"Sur une année glissante (janvier 2020-janvier 2021), les réserves de changes sont passées de 61 milliards de dollars à environ 46,4 milliards de dollars, malgré un effet de change favorable (appréciation de l'euro face au dollar américain de presque 10%)", relève l'économiste Kamel Benkhabecheche. Les réserves de changes (RC) ont continué de baisser au début de l'année 2021, relève Kamel Benkhabecheche, économiste conseil en investissements. "Entre novembre 2020 et janvier 2021 (dernières données disponibles), les RC sont passées d'environ 48,2 milliards de dollars à 46,4 milliards de dollars", indique l'économiste. "Sur une année glissante (janvier 2020-janvier 2021), les réserves de changes sont passées de 61 milliards de dollars à environ 46,4 milliards de dollars, soit une baisse de 14,6 milliards de dollars, malgré un effet de change favorable (appréciation de l'euro face au dollar américain de presque 10%)", a ajouté Kamel Benkhabecheche. La liquidité bancaire, constate l'économiste, "est demeurée quasiment stable : 681 milliards de dinars (janvier 2021) versus 659 milliards de dinars (novembre 2020)". Il est probable, explique-t-il, que "les nouvelles dépenses de l'Etat, grâce à l'avance de la Banque d'Algérie (335 milliards de dinars : compte courant débiteur du Trésor public), y sont pour quelque chose". Kamel Benkhabecheche fait état, aussi, de la détérioration de de la situation (nette) du compte courant du Trésor public. "Malgré l'avance de 335 milliards de dinars de la Banque d'Algérie, le solde du compte courant du Trésor public est passé de 54 milliards de dinars (décembre 2020) à 95 milliards de dinars (janvier 2021). La baisse de 294 milliards de dinars (environ 1,4% du PIB sur un seul mois !) semble correspondre à l'augmentation des dépenses publiques qui seront annoncées quelques mois plus tard, dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2021", souligne-t-il. Lors d'une entrevue accordée à des responsables de médias nationaux, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé que les réserves de changes sont de l'ordre de 44 milliards de dollars, un montant "atteint, malgré ce qui a été dit sur un éventuel recours à l'endettement extérieur qui n'a pas eu lieu". Bien au contraire, a-t-il révélé, "nous avons amorcé une courbe ascendante s'agissant des réserves de changes". Pour rappel, à fin 2013, le montant des réserves de changes était de 194 milliards de dollars. "Les diminutions annuelles des réserves de changes, liées aux déficits du solde global de la balance des paiements, traduisent l'excès de la dépense intérieure brute de l'ensemble des agents économiques sur le revenu national ; autrement dit, quasiment l'excès des importations de biens et services sur les exportations", indiquait la Banque d'Algérie dans ses dernières notes de conjoncture. Dans les faits, ces déséquilibres sont générés par les importants déficits des finances publiques, fait remarquer la Banque centrale. Pour cette dernière, la poursuite de l'érosion des réserves de changes souligne la nécessité d'efforts d'ajustement soutenus, notamment budgétaires, pour rétablir la viabilité de la balance des paiements et limiter l'érosion des réserves officielles de changes. "Ces efforts devraient s'intégrer dans un vaste programme de réformes structurelles pour améliorer le recouvrement de la fiscalité ordinaire (y compris par la rationalisation des subventions), libérer le fort potentiel de croissance de l'économie nationale et diversifier l'offre domestique et les exportations des biens et services", recommandait la Banque d'Algérie.