Après plusieurs jours de garde à vue, la co-présidente du Congrès mondial amazigh, Kamira Naït Sid, a été placée, hier, sous mandat de dépôt par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed. Dans la même journée, Slimane Bouhafs a, lui aussi, été placé en détention provisoire. Arrêtés séparément depuis quelques jours, les deux prévenus ont été placés en garde à vue avant d'être présentés devant l'institution judiciaire. Selon les avocats qui ont assisté les deux accusés, "ils ont d'abord été présentés dans la matinée devant le procureur de la République, afin de vider les mandats d'arrêt lancés contre eux", avant leur présentation devant le juge d'instruction qui a décidé de les placer sous mandat de dépôt. Kamira Naït Sid est poursuivie pour plusieurs chefs d'inculpation. Elle est accusée, entre autres, d'"atteinte à l'unité nationale, appartenance à une organisation terroriste" en vertu de l'article 87 bis du code pénal qui le stipule depuis sa dernière modification le 21 juin dernier. Les mêmes chefs d'inculpation pèsent sur Slimane Bouhafs, incarcéré à la prison de Koléa. Il est également accusé d'atteinte à l'image du prophète. L'arrestation de la coprésidente du CMA et de l'activiste Slimane Bouhafs semble entrer dans le cadre de celle qui visait des militants appartenant au Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, classé "organisation terroriste" par le Haut conseil de sécurité). Le président du MAK, Ferhat Mhenni, ainsi qu'une vingtaine d'autres militants de ce mouvement font objet d'un mandat d'arrêt international émis contre eux par le procureur général près le tribunal d'Alger. Il faut rappeler que la co-présidente du Congrès mondial amazigh a été portée disparue depuis plusieurs jours, avant que sa famille n'annonce son arrestation par les services de sécurité et son placement en garde à vue. Sa présentation devant la justice a été annoncée plusieurs fois. Dimanche dernier, c'était sa sœur Zina qui avait été arrêtée avant d'être libérée le lendemain. Quant à Slimane Bouhafs, réfugié en Tunisie depuis quelques mois, il a été arrêté le 25 août dernier et remis aux autorités algériennes. Son arrestation a provoqué l'indignation de plusieurs associations et collectifs de défense des droits de l'Homme en Tunisie, qui ont accusé les autorités de leur pays d'avoir "violé ses obligations sur la protection des réfugiés". Ces mêmes collectifs ont rappelé que le concerné bénéficie de "la protection internationale" du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.