Intitulé "Virée dans Orléansville d'autrefois", l'ouvrage de Mohamed Tiab, édité chez les éditions Kaoukab Al Ouloum à Alger, retrace les différentes étapes de la vie quotidienne dans la ville d'Orléansville (Chlef aujourd'hui) durant l'époque coloniale en 1895. Répartie en plusieurs chapitres et actes, l'histoire qu'a voulu nous raconter l'auteur, qui a déjà à son actif de nombreux autres ouvrages consacrés à la révolution algérienne vécue dans presque dans toutes les régions du pays en général et en particulier dans la région du Chélif, est plus qu'intéressante pour les lecteurs assoiffés de connaître les circonstances et les faits réels qui se sont déroulés dans leurs propres villes et villages, précisément en 1895. Virée dans Orléansville d'autrefois raconte Orléansville, alors une ville typiquement européenne où nos coreligionnaires ne pouvaient en aucun cas s'adapter aux coutumes, ni encore aux modes d'une vie quotidienne qui ne sont pas les leurs, puisque imposés par le colonisateur dans tous les domaines comme partout à travers le pays. En lisant cet ouvrage réparti en chapitres et actes, le lecteur fera effectivement une virée dans Orléansville d'antan et parcourra ses artères, ce qui lui permet de découvrir l'amertume que vivaient péniblement à tous les niveaux les Algériens, alors sous domination coloniale. Dans cet ouvrage, l'auteur nous parle aussi avec détails et au moyen de quelques photos, copies de documents administratifs et cartes géographiques de la région de l'époque du fameux bureau arabe et de ses différentes missions sous l'égide du tristement célèbre capitaine Charles-Louis-Florentin Richard. Cet officier français, qui parlait parfaitement l'arabe, rompu à l'expérience dans le domaine militaire et également auteur de plusieurs ouvrages sur la région dont un sur l'insurrection du Dahra et l'histoire de Boumaaza, un renard (l'officier français) qui s'est infiltré comme un pou dans la société algérienne, comme le décrit l'auteur, n'est autre que celui qui a voulu humilier les Arabes algériens dans une de ses citations qu'il avait alors publiée dans l'un de ses ouvrages et dont voici un extrait : "Il nous faut d'abord mettre ce peuple sous nos pieds, pour qu'il sente bien notre poids, mais diminuer ensuite peu à peu la pression et lui permettre enfin, après des siècles, de se dresser à notre hauteur (...)", croyant ainsi que la France allait rester éternellement en Algérie. Quant au rôle que jouait ce fameux bureau arabe sous l'égide de ce renard entouré de quelques dévoués à la France, à savoir un chaouch (garde) et un caïd entre autres, et auquel l'auteur a réservé un large espace dans son livre, il était considéré comme important pour les responsables coloniaux car c'était une véritable source d'informations mais surtout de renseignements compte tenu des affaires arabes qu'il traitait. À noter enfin que l'ouvrage en question a également suscité, en fin de semaine, à la librairie Mohamed-Khiati de Chlef, un large débat critique et littéraire de la part de plusieurs hommes de lettres et de culture, en présence de l'auteur Mohamed Tiab, lors d'une vente-dédicace à laquelle ont assisté de nombreux étudiants universitaires.