À la lumière des résultats détaillés par le président de l'Anie, Mohamed Charfi, les assemblées communales auront du mal à constituer leurs exécutifs. Sans majorité claire, les communes du pays feront face au risque de blocage. Sans grande surprise, le président de l'Anie a annoncé la couleur, dès l'entame de sa conférence de presse. Singularité de ce scrutin : la nouvelle loi électorale a créé une situation d'absence de majorité dans des centaines d'Assemblées communales et dans toutes les assemblées de wilaya, fait unique dans les annales politiques du pays. Pis encore, dans 14 APW, aucune majorité relative ne se dégage, reconnaît le président de l'Anie. Une situation qui incitera forcément les partis à nouer des alliances et qui risque de bloquer ou de paralyser des communes ou des Assemblées de wilaya. Par les chiffres, le président de l'Anie a révélé que sur les 1 541 communes que compte le pays, seules près de 500 ont dégagé une majorité absolue, tandis que dans un millier de municipalités, les partis politiques et les indépendants doivent recourir à des alliances pour constituer des APC fonctionnelles. Des blocages qui ne sont donc pas à exclure dans la mesure où des élus vont buter, dans beaucoup de cas, sur des ambitions individuelles de certains de leurs collègues. Selon les résultats préliminaires, le Front de libération nationale (FLN) garde la première place. Il a, en effet, glané 5 978 sièges (sur les 24 891 en jeu), en obtenant la majorité absolue dans 124 communes et une majorité relative dans 552 autres. Il est talonné par le RND qui a réussi à faire élire 4 584 candidats et gérera 58 communes en attendant d'être confirmé dans 331 autres où il a obtenu la majorité relative. En troisième position arrivent les "indépendants" avec 4 530 élus dans 91 communes avec une majorité absolue et 344 assemblées avec une majorité relative. Comme lors des législatives du mois de juin dernier, le Front El-Moustakbal a fait une percée en obtenant 3 262 sièges. Le parti d'Abdelaziz Belaïd est assuré de gérer au moins 34 APC où il est déjà majoritaire en attendant de pouvoir constituer des alliances dans 228 assemblées. Il est suivi par El-Bina avec 1 848 élus et 17 APC avec une majorité absolue. Au sein de l'opposition, le Mouvement de la société pour la paix a obtenu 1 820 sièges et 10 communes avec une majorité absolue. Le parti islamiste peut également prétendre à la gestion des 101 communes où il est en ballottage favorable avec d'autres partis ou listes indépendantes. Présent dans ce scrutin, contrairement aux législatives où il était absent, le Front des forces socialistes (FFS) a placé 898 élus et gérera 47 municipalités. Il est en ballottage dans 65 APC réparties sur 7 wilayas.Au niveau des APW, la situation risque, toutefois, d'être plus compliquée. Si le FLN a obtenu 47 sièges (sur les 2 350 en jeu) et est majoritaire dans 24 assemblées de manière relative, il devra nouer des alliances pour en avoir la présidence. Là aussi, la même hiérarchie est respectée. Avec une majorité relative dans 13 APW, le RND arrive en deuxième position. Il est suivi d'El-Moustakbal avec 12 Assemblées de wilaya et les indépendants qui ont une courte majorité dans 10 APW, tandis que le MSP est en tête dans 5 assemblées de wilayas. El-Bina, quant à lui, obtient une majorité relative dans 3 APW, alors que le FFS est arrivé en pole position dans 2 APW, à savoir Tizi Ouzou et Béjaïa, et obtient 40 sièges, dont 30 dans les deux assemblées citées. Mohamed Charfi a précisé que dans 14 APW, toutes les listes sont ex aequo. Des concessions seront donc nécessaires pour constituer une assemblée susceptible de gérer les affaires de ces wilayas. Concernant le taux de participation définitif aux élections communales, il est de 36,58%. Pour les APW, il est de 36,58%, en légère hausse par rapport aux chiffres fournies, samedi soir, après la fermeture des bureaux de vote. Comme lors des précédents scrutins, le nombre des bulletins nuls s'est avéré très important. Sur les 7,5 millions d'électeurs qui se sont présentés dans les bureaux de vote pour élire des candidats aux élections municipales, 1,13 million de leurs bulletins ont été annulés. Pour les élections des APW, sur les 6,9 millions de votants, 1,3 million de bulletins glissés dans l'urne ont été déclarés nuls.