Enivrant tout un peuple de bonheur à la faveur d'un sacre arabe qui aura fait chavirer le pays dans l'euphorie, le football a rappelé hier combien il pouvait être cruel en drapant El-Bahia d'un voile noir, hier après-midi, à la suite du décès tragique du capitaine du MCS, Sofiane Loukar, ravi à l'affection des siens en plein match face à l'ASMO, au stade Habib-Bouakeul. Une semaine exactement après le nirvana émotionnel du triomphe des Verts en Coupe Aarabe, le sport-roi a montré hier, de nouveau, sa face sombre, endeuillant Saïda et son Mouloudia, désormais orpheline de leur défenseur qui a rendu l'âme au moment où on l'attendait pas, à la mi-temps d'une banale rencontre de Ligue 2, rappelant la fatale et si brutale incertitude du sport. Un centre aérien, une sortie du gardien, un téléscopage comme il en arrive tant durant un match, le jeu reprend, puis le drame. Ce qui s'est passé hier après-midi à l'ex-stade Montréal choque autant qu'il interpelle sur l'implacable célérité avec laquelle un simple contact peut être mortel dans un jeu aussi viril que le football. Alors qu'il tentait de couper la trajectoire d'une balle aérienne destinée à Ameur Yahia à la 26e minute du match face à l'ASM Oran, le défenseur et capitaine du Mouloudia de Saïda, Sofiane Loukar (30 ans), a ainsi été percuté par son gardien, Boudoula. Un arrêt de jeu et des soins superficiels plus tard, le match pouvait reprendre comme si de rien n'était. Mais neuf minutes plus tard, soit à la 35e minute, Loukar s'est écroulé de nouveau, cette fois-ci tout seul, au premier poteau, alors que le capitaine de l'ASMO Mohamed Amine Aoued s'apprêtait à tirer un corner. Promptement pris en charge par le staff médical du MCS, le défenseur trentenaire - qui venait de se marier voici une semaine à peine - montre des signes d'essoufflement et balbutie quelques mots. Tentatives de réanimation, massage cardiaque, rien n'y fit. Loukar semblait évanoui. Son cœur s'était arrêté de battre. L'intervention - tout aussi rapide - des éléments de la protection civile présents au stade et son transfert, dans la foulée, vers le CHUO ne pourront, finalement, rien face au cruel destin qui l'attendait. "Il est décédé durant le trajet entre le stade (Bouakeul, sis aux Amandiers) et l'hôpital (situé au Plateau St-Michel)", susurrait-on dans le vestiaire asémiste, alors qu'un des pompiers présents précisait qu'il "avait déjà rendu l'âme au moment de l'embarquer dans l'ambulance qui se trouvait encore au stade". "Son dossier médical était pourtant très bon", répétait son entraîneur Morsli, dont la douleur se lisait sur le visage. Les souvenirs des regrettés Gasmi (JSK), Guesba (ESM) et Lahmar (JSMB), ravis à la fleur de l'âge dans des circonstances presque identiques, hantaient déjà les lieux et les esprits. Informés durant la mi-temps (0-1), tous ceux qui étaient au stade Bouakeul le transformeront aussitôt en une gigantesque salle de deuil. Choqués, traumatisés, inconsolables et incapables d'arrêter leurs larmes, les joueurs des deux équipes ne reviendront pas sur le terrain. Le MCS menait à la fin du premier half. Il retournera à Saïda sans avoir eu à fêter ce qui aurait été un succès de prestige, avec son capitaine dans un cercueil, comme pour rappeler qu'en football, plus qu'ailleurs, tout peut aller tellement vite, du bonheur absolu au plus funeste des drames.