C'est la deuxième fois que la Cédéao impose un embargo aérien et terrestre contre le Mali après celui du 18 août 2020, quatre jours après le putsch qui avait conduit à l'éviction de l'ancien président, Ibrahim Boubacar Keïta. L'étau se resserre autour des militaires au pouvoir au Mali, au lendemain des sanctions imposées par l'organisation ouest-africaine sur Bamako. Une partie des Maliens rejettent le prolongement à quatre ans de la transition. Face à cette pression qui ne cesse de s'accentuer, la junte, dirigée par le colonel Assimi Goïta, a appelé les Maliens à manifester ce vendredi. Dans un discours à la nation, le président de la transition, M. Goïta, a déclaré que "l'heure est au rassemblement de tous les Maliens sans exclusive pour réaffirmer nos positions de principe et défendre notre patrie. Chaque Malienne, chaque Malien, où qu'il se trouve, doit se comporter en défenseur des intérêts supérieurs du Mali". La Communauté économique des états d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a durement sanctionné, dimanche, le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années et le manquement à sa promesse de tenir, le 27 février, des élections ramenant les civils à la direction du pays. L'effet de ces mesures de rétorsion sur la junte, mais aussi sur la population, ajoutent à l'incertitude des lendemains dans un pays au cœur de l'instabilité sahélienne, théâtre de deux putschs depuis août 2020. C'est la deuxième fois que la Cédéao impose un embargo aérien et terrestre contre le Mali après celui du 18 août 2020, quatre jours seulement après le putsch qui avait conduit à l'éviction de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). En novembre dernier, l'organisation ouest-africaine avait menacé de recourir à ce genre de sanctions si la junte ne respectait pas le délai de transition, qui devait s'achever en organisant, le 24 février 2022, une élection présidentielle censée permettre la remise des clés du palais de Koulouba aux civils. Mais les militaires au pouvoir ont, dès le départ, fait part de leur volonté de reporter cette élection, estimant que les conditions ne sont pas réunies pour une telle échéance. C'est en organisant les Assises nationales de refondation du Mali que Assimi Goïta et son entourage veulent légitimer ce report de quatre ans supplémentaires, alors qu'une partie des Maliens a été exclue ou a boycotté ces assises et rejeté ses résolutions. Outre les pays membres de la Cédéao, les militaires au pouvoir se sont également mis à dos la France, un des principaux intervenants au Mali sur le plan militaire, dans le cadre de l'opération Barkhane, alors que l'Algérie, en tant que pays voisin et chef de file de la médiation internationale, a appelé Bamako et l'organisation ouest-africaine à la "retenue". Dans un communiqué rendu public lundi, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a affirmé que "devant les risques graves et les épreuves que portent en elles les sanctions massives annoncées par le sommet extraordinaire des chefs d'état de la Cédéao, ce 9 janvier à Accra, ainsi que les contre-mesures annoncées par le gouvernement de la République du Mali, l'Algérie appelle toutes les parties à la retenue et au réengagement dans le dialogue en vue d'éviter à la région un engrenage de la tension et une exacerbation de la crise". En tant que parrain de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, l'ONU devait abriter, hier soir, une réunion de son Conseil de sécurité au sujet de cette nouvelle crise.