Au terme d'un procès marathon qui s'est achevé hier à l'aube, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed a requis de lourdes peines de prison à l'encontre d'anciens responsables impliqués dans une affaire d'attribution douteuse de marché public. Le représentant du parquet a ainsi requis 10 ans de prison ferme à l'encontre d'Amar Ghoul, ministre des Travaux publics de 2002 à 2013. La même peine a été requise à l'encontre de l'ex-P-DG de l'ETRHB, Ali Haddad, qui comparaissait depuis la prison de Babar, à Khenchela, d'Abdelkader Ouali, ancien ministre des Travaux publics, et d'Abdelkader Kadi, wali, à l'époque des faits, d'Aïn Defla. L'ancien directeur des travaux publics de la wilaya d'Aïn Defla, Ali Khelifaoui, encourt, lui aussi, une peine de 8 ans de prison ferme. D'autres peines de prison allant de 2 à 7 ans ont également été requises contre d'anciens responsables du secteur des travaux publics. Outre ces peines de prison, le procureur a requis pour chacun des principaux prévenus une amende de 1 million de dinars. La justice reproche aux prévenus d'avoir offert un marché de gré à gré à l'ETRHB Haddad, alors qu'une société publique, Altro, était initialement choisie pour l'exécution du projet. D'une longueur de 9 km, la pénétrante de Bourached, reliant l'autoroute Est-Ouest à la wilaya d'Aïn Defla, a coûté à l'Etat 137 millions de centimes. Bien que "sous-traitant", le groupe Haddad a curieusement empoché quasiment le même montant que l'entreprise de réalisation, la société publique Altro. "Nous sommes face à un groupement et non à un sous-traitant", commente un avocat qui n'a pas compris ces liens entre ces deux sociétés. Car, initialement, les responsables ont choisi la société publique pour réaliser l'ouvrage. Mais étrangement, et sans le moindre contrat, l'ETRHB s'est retrouvée sur le chantier. Ce n'est que plusieurs mois après le début des travaux qu'un contrat de sous-traitance a été signé entre Altro et l'ETRHB. C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle, le juge du pôle spécialisé du tribunal de Sidi M'hamed a tenté de comprendre, pour situer les responsabilités dans la décision d'associer le groupe privé à ce projet. Dans leurs dépositions, les prévenus, dont seuls 5 sont en détention (Ali Haddad, Amar Ghoul, Abdelkader Kadi, Abdelkader Ouali et Ali Khelifaoui) ont tous nié les faits. "Je n'ai jamais favorisé l'ETRHB Haddad", s'est défendu l'ancien ministre des Travaux publics, en tentant de démontrer le nombre de fois où il avait "refusé", selon lui, d'accorder des projets à la société des Haddad. Des témoins "que rien ne réunit", selon le juge, ont pourtant affirmé, de manière concordante, avoir entendu le ministre demander de "laisser le groupe Haddad seul" sur le chantier. Cela n'a pas été fait, même si plusieurs années après la fin des travaux, l'entreprise a été "payée" au même titre que la société publique. Qui en a donné l'ordre ? La justice n'a pas répondu à la question. Mais le procureur de la République a chargé les principaux prévenus accusés d'avoir "enfreint la loi" et "abusé de leur fonction". Ce que les avocats ont récusé. La défense a plaidé "la bonne foi" et l'innocence. Le verdict devrait être rendu la semaine prochaine.