C'est ce que nous a confié le lieutenant-colonel, Mohamed Deramchia, commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Béjaïa, qui a affirmé que “nos services devront reconquérir le terrain en vue d'assurer la sécurité publique au niveau de l'ensemble du territoire de la wilaya”. Le retour progressif des unités de la Gendarmerie nationale, dans cette région qui constitue une partie indivisible de l'Algérie, ne pourrait être perçu que comme une chose logique, maintenant que la Kabylie a retrouvé son calme et sa stabilité. Interrogé sur le nombre de brigades que son commandement compte réinstaller dans la région, le lieutenant-colonel Deramchia affirme que “l'idéal serait que chaque commune ait sa brigade de gendarmerie. C'est-à-dire, notre objectif, c'est d'arriver à couvrir les 52 communes que compte la wilaya de Béjaïa”. Il est à noter que le corps de la gendarmerie n'est présent que dans 25 communes, soit dans la moitié du territoire de la wilaya. Pour rappel, sept brigades de gendarmerie avaient été délocalisées, en 2002, dans le cadre des mesures d'apaisement prises par les autorités algériennes, après que le mouvement citoyen des archs eut exigé “le départ immédiat et définitif” de ce corps de la région, suite aux assassinats commis pendant les évènements du Printemps noir. Il s'agissait des brigades d'Ouzellaguen, Chemini, Seddouk, Ighram, El-Kseur, Barbacha et Ighil-Ali. Le commandant du groupement de gendarmerie de la wilaya de Béjaïa a précisé que “le rôle du gendarme ne se limite pas à réprimer ou à verbaliser les contrevenants. Mais, en plus du volet sécuritaire, il est là aussi pour assurer le service public, à l'instar des autres institutions de la République. Le secourisme et le sauvetage de personnes en détresse, le suivi des dossiers du Service national, les accidents de la circulation, l'assistance et l'orientation du citoyen, assurer la sécurité des biens et personnes… sont autant de tâches que nos éléments remplissent quotidiennement”. Le lieutenant-colonel Deramchia évoquera, par ailleurs, le phénomène du banditisme qui prend de l'ampleur en Kabylie. “La fin du terrorisme laissera place au banditisme. Celui-ci est un autre phénomène qu'il faudra combattre”, dira-t-il. À ce sujet, il citera, à titre d'exemple, les deux enlèvements dont ont fait l'objet, récemment, deux commerçants, l'un à Adekar et l'autre à Boukhelifa, lesquels se sont fait déplumer par un groupe de terroristes, composé d'une dizaine d'éléments affiliés vraisemblablement au GSPC. Les ravisseurs sont repartis avec une rançon de 17 millions de dinars, selon les déclarations des deux victimes. De ce fait, il considère que “le recours à la (ré) ouverture prochaine de nouvelles brigades de gendarmerie n'est pas à écarter. Néanmoins, ces réalisations devront s'effectuer au fur et à mesure que les conditions favorables sont réunies. La priorité sera donnée aux localités les plus reculées et dépourvues de services de sécurité”. Selon le chef du groupement de gendarmerie de la wilaya de Béjaïa, des citoyens de certaines communes, telles que Draâ El-Kaïd, Laâlam (Tamridjt), Béni Mellikech et Ighil-Ali, ont déjà manifesté leur souhait de voir des gendarmes veiller sur leur sécurité. “À Draâ El-Kaïd, on nous a même proposé un lot de terrain pour la construction d'une brigade de gendarmerie”, a-t-il souligné. Il faut préciser que l'implantation de nouvelles casernes de gendarmerie se fera, désormais, à l'extérieur des villes, plus précisément dans la campagne, afin de permettre à ce corps de sécurité d'accomplir sa mission en toute quiétude. Kamel Ouhnia