La ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie a révélé, hier, à Alger, que le contenu du traité est encore au stade de l'élaboration.. Michèle Alliot-Marie était la ministre de la Défense de l'initiative 5+5 (10 pays d'Europe du Sud et du Maghreb) la plus sollicitée, hier, par les journalistes, à sa sortie de la réunion qui a eu lieu à l'Hôtel de l'armée de Béni Messous. Inévitablement, les questions ont tourné autour de deux sujets phares qui accaparent l'attention intra-muros, et dans une moindre mesure, de l'autre côté de la Méditerranée. Le cafouillage entretenu sur la maladie du Président Abdelaziz Bouteflika, a fait l'objet d'une première interrogation, sans obtenir toutefois de réponse claire. Très prudente, Mme Alliot-Marie s'est contentée d'être rassurante en indiquant “n'avoir pas ressenti d'inquiétude chez ses interlocuteurs algériens sur l'état de santé” du chef de l'Etat, hospitalisé depuis le 26 novembre dernier à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris. Sa qualité d'hôte et de politique lui interdit de se livrer à une quelconque confidence. “Cela ne relève pas de mes compétences. Il y a en France une règle juridique qui est celle du secret médical. Il est logique de la respecter”, a-t-elle commenté, faisant remarquer à l'occasion que l'hospitalisation du locataire du palais de l'Elysée, il y a quelques semaines, pour un accident vasculaire cérébral, avait fait objet de pareilles spéculations, qui se sont finalement avérées sans fondement. “Je sais que cela peut poser des problèmes, on l'a vu avec le président Chirac. Il a fallu que tout le monde le voit sortir et saluer les gens pour que les supputations cessent. Je pense qu'il en sera de même”, a renchéri la ministre française de la Défense, considérant qu'elle “ne peut pas faire réponse plus claire”. Les explications qu'elle a voulu apporter sur la signature du traité d'amitié entre Paris et Alger, ont été d'une “clarté” tout aussi discutable. Le seul fait nouveau à retenir est que le fameux pacte, sur lequel les présidents Bouteflika et Chirac se sont entendus en mars 2003 et qu'ils avaient convenu de signer avant la fin de cette année, ne sortira pas des tiroirs de si tôt”. “Il convient d'avancer et je pense que nous devrions arriver à en boucler le texte dans les prochains mois”, a annoncé la ministre sans plus de précision. En tout cas, une chose est sûre, le contenu du traité que l'on pensait finaliser est toujours au stade de l'élaboration. Le principal frein est sans doute en rapport avec l'adoption par le Parlement français, le 23 février dernier, d'une loi qui dans un de ses articles fait l'apologie du colonialisme et lui reconnaît un rôle positif en Afrique du Nord et dans les Antilles. “J'ai le sentiment qu'il y a une vraie attente du côté algérien d'un tel texte qui, bien entendu, sans renier le passé est définitivement tourné vers l'avenir”, a tempéré Mme Alliot-Marie. Pourtant, l'UMP dont elle a été la présidente avant de céder sa place à son collègue de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, est à l'origine de la proposition de loi que cette formation de droite a, d'ailleurs, refusé d'amender il y a une dizaine de jours, sur une requête des socialistes. Depuis l'incident des Antilles, dont la population a refusé d'accueillir le locataire de la place Beauvau, le président Chirac est intervenu pour dépassionner le débat, préconisant qu'il appartient aux historiens et non aux politiques d'écrire l'histoire. “Le traité d'amitié, sans renier le passé est définitivement tourné vers l'avenir parce que nous avons des problématiques communes que nous pouvons traiter dès lors que nous le faisons dans un climat de confiance et d'amitié”, a tenté Mme Alliot-Marie de corriger à son tour. Samia Lokmane