Berrahal est en deuil. Elle vient de perdre neuf de ses enfants. Ils sont morts dans le tragique accident d'El-Menia, à la sortie de Constantine alors qu'ils rentraient d'une fête, celle du retour du président de la République. Il est certain que beaucoup d'entre eux comptaient poursuivre cette fête avec le réveillon de fin d'année. Mais ce qui devait être pour eux et pour leur famille une double fête s'est transformé en deuil. La nouvelle est tombée, la veille du nouvel an, vers 23h30 tel un couperet dans la paisible ville de Berrahal, 30 km à l'ouest de Annaba, d'où sont originaires la plupart des victimes parmi les passagers du bus qui les ramenait d'Alger où ils ont assisté, aux côtés de milliers d'autres algériens, au retour du président Abdelaziz Bouteflika après une absence de plusieurs semaines. Les fêtes ont été gâchées non pas seulement pour la population de Berrahal, mais aussi pour celles de Annaba et de sa région qui ne parlaient, depuis l'annonce du drame, que de la disparition tragique de ces jeunes. Les familles des victimes ont pris la route pour Constantine dès hier, tôt dans la matinée. C'est pratiquement un véritable convoi qui a pris le chemin de la ville des Ponts. Leur décision de déplacement a été prise dès que la cellule de crise, installée à Berrahal par les autorités locales, avait confirmé l'information. Pères, frères, cousins, amis et proches des victimes ont alors décidé d'aller aux nouvelles afin d'être fixés sur le sort de leurs proches ayant fait le voyage d'Alger. Le réveillon s'est transformé pour eux en cauchemar. Le wali de Annaba en personne s'est déplacé, ce dimanche, aux premières heures de la journée, pour avertir certaines familles qui venaient de perdre, qui un père, qui un frère, qui un mari. Aux premières heures de la journée de dimanche, le Tout-Berrahal ne commentait que la nouvelle de cette sombre soirée du 31 décembre 2005. Tristesse, mais aussi interrogation : est-il nécessaire de faire déplacer ou de mobiliser des milliers de gens habitant à 600 km d'Alger pour accueillir le président ? Quand bien même le retour de Bouteflika serait attendu et souhaité, il pouvait être célébré localement, fera-t-on remarquer. Le nombre de décès risque d'être revu à la hausse en raison de la gravité des blessures de 7 personnes sur les 38 blessés, toutes originaires de Berrahal. Au moment où nous mettons sous presse, les corps des victimes ne sont pas encore arrivés à Berrahal où ils seront enterrés. B. Badis