Le monde artistique vient de perdre un de ses pionniers en matière d'impressionnisme. Petit par son nom et grand par son talent, Mohamed Seghir est né en novembre 1927 à Marrakech (Maroc). Autodidacte au départ, il a commencé à peindre à partir de 1954. Militant, il a voulu traduire tout un combat révolutionnaire pour la libération de sa patrie, par cette unité entre la couleur et la forme sans que l'on puisse déceler où commence l'une et où finit l'autre. Qualifié dès lors de premier impressionniste algérien par les critiques marocains, M. Seghir participe à plusieurs expositions organisées au Maroc où en 1964, il obtient le premier prix de la ville de Marrakech et dans la même année le Prix de la vigie marocaine à Casablanca. Entré en Algérie en 1967, il s'installe à Alger et adhère à l'Union nationale des arts plastiques. Après diverses participations à l'échelle internationale, notamment à Paris, Montréal, Pékin, Tokyo, Moscou, La Havane, Belgrade, Prague, Varsovie, Berlin, et en Algérie, il obtient par deux fois, en 1968 puis en 1971, le grand prix de la ville d'Alger. Retraité des P et T depuis 1983, il se retire à Laghouat, sa ville d'origine, et se consacre entièrement à ses activités artistiques. Bien que ses thèmes préférés soient les fantasias dans un monde de chevaux emballés se ruant vers cette liberté lumineuse, toute la toile est envahie par cette vie, par cette atmosphère vibrante de matière. Le cheval et le cavalier sont chez M. Seghir un symbole de combat où la fierté, la noblesse et la grandeur sont mises en valeur. Dans un style recherché, ses œuvres actuelles offrent aux visiteurs une nouvelle vision : les surfaces sont modulées par une architecture de formes. Imagination et émotion sont interpellées par cette peinture inspirée qui communique maturité et sérénité. Ses derniers tableaux sont actuellement exposés au musée de Laghouat (ancienne église). Mohamed Seghir s'est éteint à l'âge de 79 ans, jeudi dernier, et a été inhumé au cimetière Sidi Yanès de Laghouat. Une foule nombreuse a accompagné l'artiste défunt jusqu'à sa dernière demeure. Rachid KADA