Autodidacte, l'artiste a réussi à créer un monde haut en couleur à partir du néant. Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour être artiste. Il suffit d'avoir une main douée, un don pour faire tout un monde haut en couleur. Saliha Adjtoutah, bénie par la nature, appartient à cette élite. Sans avoir fréquenté l'Ecole des beaux-arts elle a appris à manier le pinceau. La peinture pour elle, est une seconde nature au point d'avoir relevé le défi de mettre sur toile les chansons du chanteur, Lounis Aït Menguellet. Un rêve d'enfance. Une vingtaine de chansons du maître sont mises sur toile, à savoir «Ay ittij hader atteghlid», «Lekdeb yirwed lbatel», et d'autres oeuvres. «Cette idée m'est venue quand j'étais enfant. J'ai aimé les chansons d'Aït Menguellet, c'est ce qui m'a poussé à peindre sa poésie», dit-elle. Un amour qui a fini par donner une nouvelle forme aux oeuvres du chanteur. Aït Menguellet lui-même est ravi à la vue de ces toiles. Lors d'une exposition à Tizi Ouzou, ce fut la grande découverte. L'artiste peintre en parle encore avec fierté. De plus, son bonheur a été à son comble lorsque Aït Menguellet, présent à l'exposition, s'est montré satisfait. «Ça m'a fait un grand plaisir de peindre les chansons d'Aït Menguellet», a-t-elle ajouté. «J'avais un attachement au dessin quand j'étais déjà au collège. Je commençais à dessiner sur papier, puis ça évoluait, et c'est ainsi que je suis devenue peintre», témoigne l'artiste. A ses premiers tableaux, elle ne savait pas à quelle école elle appartenait. Est-ce de l'abstrait? De l'impressionnisme? Jusqu'au jour où elle a vu un tableau de Mohamed Issiakhem. «Quand j'ai vu un tableau d'Issiakhem, là, j'ai découvert à quelle école j'appartenais.» Toute contente, Saliha Adjtoutah a décidé d'aller de l'avant. Une femme à l'imagination fertile. Abstrait, art naïf, impressionnisme, et autres, sont autant de domaines où elle excelle, mais avec un penchant pour l'impressionnisme. Pour s'imprégner davantage de la peinture, Saliha Adjtoutah s'est mise en contact avec Athmane Kaddour, un enseignant de l'Ecole des beaux-arts d'Alger. «Athmane Kaddour m'a montré le chemin vers la toile. Il m'a offert un livre Le grand livre du dessin qui m'a permis d'approfondir mes connaissances artistiques», nous confie-t-elle. Cette femme, née dans un village de basse Kabylie, nommé «Takhwrabt n'Ath Abbas», commune d'Aït Rezin, Béjaïa, a fait du chemin depuis. L'artiste possède d'autres talents. Elle peint aussi sur de la soie. Toutefois, la bonne volonté de cette femme a été bridée. Elle a essayé d'ouvrir une école de peinture sur soie. En vain. Elle n'est pas diplômée. Le projet n'a pas vu le jour. Aussi, enseigne-t-elle comme vacataire dans un Cfpa d'Aghbalou à l'est de Bouira. Ce n'est pas peine perdue. Lors des Olympiades des métiers organisées en 2008 à Alger, elle a obtenu deux médailles d'or. Mais Saliha Adjtoutah n'avait qu'un souhait, décrocher un poste budgétaire pour vivre. Elle attend que les responsables du secteur le lui accordent.