L'hôpital de Saïda a battu le record des décès par négligence ou inadvertance. Pas moins de cinquante plaintes ont, d'ailleurs, été déposées contre l'administration de cet établissement sanitaire. Les wilayas de Saïda et de Sidi bel-abbès ont reçu le week-end dernier, la visite du ministre de la santé, un secteur des plus mal en point dans ces régions. Arrivé, mercredi peu avant minuit à Saïda, M. Tou a éludé la visite qu'il devait effectuer à la commune de Sidi Boubekeur, mais a consacré la journée de jeudi à Hassasna, Ouled Brahim, Aïn el Hadjar, Youb et Dhoui Thabet. Le clou de sa visite aura été l'hôpital de Saïda qui serait en dépassement de crédit de 104 millions de dinars et tout y est encore à faire ou à refaire. Cet hôpital qui, à ce jour, n'a ni le statut ni les moyens d'un CHU a réussi la sinistre notoriété d'être classé depuis 1992 le premier au niveau national pour le taux de décès de nouveaux-nés et de parturientes. Rappelons qu'en 2005 dans le service maternité, un médecin y a laissé glisser d'entre ses mains un nouveau-né qui s'est ainsi écrasé sur le parquet. cette année encore, un autre est mort étranglé par son cordon ombilical, la décision de faire une césarienne ayant tardé. Une semaine plus tard, c'est une parturiente qui est décédée pour complication de césarienne. En tout, cinquante plaintes ont été déposées auprès de la justice contre les services et/ou l'administration de l'hôpital de Saïda. Deux directeurs s'y sont relayés en deux années, en vain. Beaucoup de malades de la wilaya préfèrent aller se soigner à Sidi Bel-Abbès ou à Oran. Enfin, il serait long de s'étaler sur les aberrations liées à la gestion de l'hôpital de Saïda et du secteur de la santé de la wilaya en général. Nous citerons, entres autres, le centre de médiation psychiatrique du quartier El Nasr qui s'est fissuré sitôt réceptionné en 2006 jusqu'au projet de refonte du réseau de câblage de l'hôpital, évalué dans un premier temps à 8 millions de dinars puis réévalué à 18 millions de dinars, avant d'être confié à une entreprise non affiliée à la Cnas au moment du lancement des travaux en 2005. C'est dire que le ministre aurait fait bien de prêter une oreille attentive à certains rapports qui devaient lui être présentés sur les lieux. Après avoir limogé l'économe de l'hôpital et reçu quatre associations civiles, M. Tou a promis à Saïda d'équiper l'hôpital en générateurs d'hémodialyse et de prendre en charge les cancéreux.Deuxième étape de la visite, vendredi, la wilaya de Sidi Bel-Abbès et ce, à travers quatre points inscrits au programme. En effet, le ministre a d'emblée visité la maternité du Chu Dr Abdelkader-Hassani qui a été totalement rénovée. À l'entrée de cet établissement, M. Tou, apparemment bien informé sur certaines insuffisances constatées au sein de cette clinique, s'adresse à la directrice : “Il faut sévir, même si c'est mon frère qui est fautif et j'insiste à ce que la literie neuve ne disparaisse pas après cette visite, l'accueil des malades ainsi que l'hygiène.” Le dernier point de cette visite ministérielle a été consacré à l'inspection des travaux de réalisation du centre psychiatrique. Ce dernier, d'une capacité de 80 lits entrant dans le cadre du programme Psd complémentaire tranche 2004 et dont le coût de l'opération est évalué à 140 000 000 DA ouvrira ses portes le mois prochain. Non satisfait de la conception de cette bâtisse, il s'est adressé au DSP : “si vous n'avez pas eu l'aval du ministère pour ce type de construction, vous êtes en infraction.” Abordant le problème de l'autonomie de la maternité de Sidi Bel-Abbès qui lui a été exposé par le président du groupe FLN du sénat, le ministre de la santé s'est contenté de répondre : “Je ne peux pas pour le moment prendre une décision pareille.” F. Amine