Elho fait de la musique comme il fait des recueils de dessins. Des textes complètement décousus à l'image de l'Algérie qu'il chérit tant, malgré tous ses défauts. Et même si certains lui reprochent d'être toujours coincé dans le rock des sixties et des seventies, sa musique plaît beaucoup. Enormément même. Pour preuve, son passage à Alger a drainé une foule que la salle El-Mouggar, une des plus spacieuses de la capitale, avait beaucoup de mal à contenir. Le “gourbi rock” d'Elho attire toujours les jeunes en quête d'une musique originale qui met en valeur le patrimoine. Surtout lorsque cette musique est associée à une bonne dose de textes crus et à un humour aigre-doux, comme Hocine Boukella sait bien les concocter et les chanter de sa voix délicatement âpre. C'est le groupe Jamaoui Africa qui donne le ton, un peu de gnaoui moderne met le feu à la scène et parmi le public. Une assistance qui se déchaîne dès que Hocine, armé de sa guitare, investit la scène. Accompagné de trois de ses musiciens, Hichem Takaoute à la basse, Hervé Le Bouché à la batterie et Khliff Miziallaoua à la guitare, il chante : I Tell You , Les menottes, es siloun welkeoulza, les jeunes reprennent en chœur tous ces titres du répertoire du cheikh qui n'a de la sagesse que cette incorrection pour crier le ras-le-bol des jeunes, qui ont déserté leurs sièges depuis un long moment. Walou est un autre titre de son nouvel album dédié à tous les paumés, qui n'ont rien de rien. Dans le registre de la chanson kabyle, Elho reprend Yemma du grand Slimane Azem. Là encore, le public suit avec ferveur. Naviguant entre le chaâbi, le blues, les rythmes kabyles, le rock et bien d'autres rythmes, le chanteur poursuit sa balade avec El Bandi, d'après Georges Brassens. Une petite pensée pour les mamans des disparus. Beaucoup d'émotion dans la salle. Elho enchaîne R'khis, un titre de son nouveau produit, puis Makayen walou kima l'amour, Sfina, Tchina, Goumari... Qu'il chante en arabe (en algérien de préférence), en kabyle ou en anglais, le cheikh (sage) séduit par son humour corrosif. W. L.