Blues, rock, chaâbi, jazz, etc. le maître du Gourbi Rock est indiscutablement passé par là et ça a fait du bruit. Hocine Boukella n'attendait que ça, revenir jouer dans son pays. Grâce à l'Onci et ASProduction, son souhait fut exaucé. Plus de deux heures de concert dans une salle pleine de jeunes gens déjantés, Elho avec sa formation Cheikh Sidi Bémol a fait exhaler son style Gourbi Rock, en tout bien maître de son genre qu'il est. Jeudi après-midi, l'artiste à la queue de cheval et ne mâchant pas ses mots, Hocine Boukella narrera en musique le mal-être des zawalis, le sort des emprisonnés mais aussi la voie du salut, l'indispensable amour! Le public debout, Elho tablera sur une programmation mesurée, oscillant entre l'ancien et le nouveau pour revenir de plus belle avec les anciens titres phares et faire remonter la température. «Est-ce que vous vous rappelez de Bnet E'lux?» questionne Elho. Et comment! Le public crie fort: Oui! et les mains jointes à la parole, on tape la mesure tout en fredonnant le morceau. Plutôt on reprend entièrement la chanson par coeur. C'est idem pour Rani bdit Nteqaleq ou encore Thamara, I tell you, et Menotte. Les chansons de Hocine Boukella sont noires, évoquent les paumés et les marginaux , le tout enrobé d'un langage feutré, populaire et d'une musique vitale, rock , parfois sur fond de ballade chaâbie. Et Elho de déclarer: «Cette chanson est dédiée à quelqu'un qui n'a rien. Ils l'ont appelé walou!» Quelques briquets s'allument qui créent une ambiance toute particulière, rehaussée de youyous. Elho s'attaque au répertoire du grand Slimane Azem en reprenant notamment Yemma, du traditionnel kabyle avant de lâcher son El Bandit dans la foule qui fera fureur. Virulent dans les textes malgré les apparences, Elho chante ces mères désespérées qui pleuraient leurs enfants en brandissant tous les mercredis les portraits de leurs proches... Puis c'est encore un nouveau titre qui figurera prochainement dans son futur album qui en contiendra 12. Cela s'appelle Er'ekhiss. Chanson existentialiste qui met l'individu face à lui-même et au divin. Puis la tension se relâche de nouveau avec Makan Walou Khir Melamor qui mettra en effervescence le public, aussi avec La faute Diali et Saphina Kbira. «Je suis très content d'être là avec la jeunesse!» scande Elho et d'interpréter China pour le plus grand plaisir des férus de cette chanson phare mais aussi Djabo El Babor. Elho fait un clin d'oeil à Karim Ziad puis au Diwan Gnawi en interprétant Goumari. Avec Hichem Takaoute à la basse, Khliff Miziallaoua à la guitare et Michel Pétri à la batterie, il manquait à la palette musicale ce supplément de saveur que procurent la flûte d'un Abdennour Djemai et le saxophone d'un Emanuel Houezec, hélas absents de la fête. On ne sait pour quelle raison d'ailleurs. Probablement pour une question de calendrier. Cependant, le public lui, ne semblait pas faire cas de cette défection, mieux , ne s'est même pas rendu compte, tout compte fait, puisque l'essentiel était là sur scène. Après Thalweg l'année dernière Elho fait un tabac avec cette formation. Détenteur aujourd'hui de son propre label, appelé CSB Production qui est à la fois entrepreneur de spectacles et producteur de disques, Elho, infatigable, a pour projet l'enregistrement de trois albums, l'un en arabe, l'un entièrement en français et l'autre en kabyle, sans oublier bien sûr de se remettre à plancher sur le son berbéro-celtique de Thalweg. La fin du concert pointe à l'horizon. Les musiciens de cheikh Sidi Bémol font un lâcher remarquable sur leurs instruments. Une belle démonstration improvisée qui fera hurler le public. Et Elho d'aiguiser une dernière fois ses griffes en entonnant Maâlich shab El Houkouma: Maâlich ouled E'zouama... Le clou de la soirée est cette belle image du père spirituel Hocine Boukella avec la smala du groupe de gnawi moderne, Jemawi Africa, qui, de nouveau, montera sur scène après avoir assuré avec brio la première partie du concert. Un groupe qui essaye de suivre les traces de son aîné, Elho tout en cherchant à affûter leur identité musicale faite d'algérianité mise en «fusion» avec de «l'universel», violon, guitare, batterie...de la belle énergie!