Un printemps en musique. Tout porte à le croire puisque rien que pour ce mois d'avril, le public algérois aura droit à toute une série de concerts. Et pas n'importe lesquels puisqu'on compte deux concerts évènements. Le premier rendez-vous est offert par l'Office national de la culture et de l'information (Onci), qui accueille, ce jeudi 13 avril à la salle El Mouggar, le groupe Cheikh Sidi Bemol de Musique World Blues. Le concert est organisé par AS Production et Master Print qui donnent l'occasion aux fans de Hocine Boukella, alias Elho, de retrouver ses fans algérois. Des retrouvailles tant attendues par les adeptes de la musique atypique du groupe, qui fusionne des rythmes du terreau traditionnel algérien et des notes blues-rock aux sonorités celtiques, et de l'humour acerbe d'Elho, le chanteur guitariste. B'nat el Louxe, de Blues Boozenzel, de Tawassoul, Ma Kayen Walou Kima l'Amour, Blade Tchina, El Bandi, des chansons musicalement inclassables qui ont fait le succès du chanteur depuis la fin des années 1980. Biologiste de formation, Hocine Boukella est musicien et dessinateur autodidacte. Dans les années 1980, alors étudiant à l'université d'Alger, il réalise Le Crieur, une BD sur l'univers des musiciens algérois. En France, il fonde le groupe Sidi Bémol qui tourne surtout en région parisienne, publie trois recueils de dessins, collabore aux revues Salama et Pour. Il participe en tant que graphiste, parolier ou musicien à divers albums de plusieurs groupes, notamment Gnawa Diffusion, l'Orchestre National de Barbès, Djamel Laroussi ou Takfarinas. Hocine Boukella dirige le collectif L'Usine et a participé à la fondation des groupes Thalweg de musique celto-berbère et Zalamite (groove berbère). Elho ne mâche pas ses mots et ça plaît aux jeunes. Le second rendez-vous est pour les 26 et 27 avril avec Souad Massi, invitée de l'établissement Arts et Culture qui, après une longue absence, rentre chez elle avec un sublime Mesk Elili, son troisième album couronné des Victoires de la musique 2006, catégorie album de musique du monde. Un album de nostalgie et de douceurs sans frontières, le tout mixé à une voix sensuelle très folk et des arrangements de cordes classiques. Souvenirs, complaintes, l'album ressemble étrangement à Souad Massi et à son parcours fait de discrétion et d'exil, qui a dessiné les contours d'une sucess story. Soon ( Kilyoum), That's life (Denya Wezmen), Inspiration (Ilham), honeysuckle (Mesk Elil), I Won't toforget my roots (Manansa Asli, My Grandfather's house (Dar Dgedi), There's Worse (Hagda Wala Kter), Tell me why, Let me (Khalouni), Why is my heart sad ( Malou) et Mahli, onze exquises chansons de toute douceur, où Souad Massi chante, comme elle sait si bien le faire, son enfance, ses amours et ses origines. Un album où l'artiste a invité Daby Touré, Pascal Danaé et Rabah Khalfa pour des duos exceptionnels. Et oui ! la petite Algéroise de Saint-Eugène a fait du chemin depuis l'association de l'Ecole des beaux-arts d'Alger où son frère aîné voulait l'initier à la guitare et où elle a passé trois années. En 1989, elle commence par arpenter les scènes, guitare à l'épaule. Parallèlement, elle accompagne le groupe de flamenco Triana d'Alger avec lequel elle fait des spectacles et des apparitions à la télévision. Elle passe son bac et obtient un diplôme d'Etat d'urbanisme et commence à travailler dans un bureau d'études d'urbanisme tout en écrivant et composant ses propres chansons, des poèmes d'amour souvent tristes. Elle intègre le groupe de hard rock Atakor et devient la guitariste égérie du groupe. En 1998, Souad sort sa première cassette au titre éponyme sur le marché algérien, qui renferme six titres où elle revient à la country music. Cette cassette est une œuvre intimiste, à l'ambiance très folk et d'où se dégage le titre Bye Bye My Love. En janvier 1999, lorsqu'elle est invitée à Paris pour participer à un festival intitulé Femmes d'Algérie, Souad Massi ne sait pas que son destin est en train de basculer. Cette première édition de ce festival parisien se déroule dans l'ambiance festive du ramadan. Le répertoire et le charisme de Souad font un tel tabac que ses qualités arrivent aux oreilles du directeur artistique d'un des labels d'Universal Music (Island-Mercury) qui n'hésite pas à faire signer cette jeune inconnue pour la réalisation d'un premier album Raoui (Le conteur) sorti en mars 2001, objet musical tout en douceurs et inquiétudes, enraciné dans les tourments de l'Algérie et les plaisirs mélodiques de l'Occident. Naviguant entre rock et tradition, l'album révèle au grand-public une artiste qui aborde des styles aussi éloignés que le chaâbi et le folk rock américain, mélangeant instruments électriques et acoustiques aux mélopées qu'elle chante de sa voix pure et bouleversante. Le duo, premier du genre avec Marc Lavoine, enregistré en 2001 avec MarcLavoine sous le titre Paris de son album éponyme, est un grand succès. Elle enregistre également avec Ismaël Lô une reprise de Noir et Blanc, de Bernard Lavilliers. Puis, elle reprend avec Florent Pagny Savoir aimer. Son deuxième album Deb est sorti en France en mars 2003, un mélange de musiques arabo-andalouse, chaâbi, rock, folk avec une touche de modernité. Un vrai album world music. W. L.