Cinquante-trois sociétés de gardiennage et de transport de fonds agréées activent actuellement dans notre pays, sans une délimitation claire de leurs tâches, sans assurer une formation correcte à leurs employés, encore moins un recyclage périodique. Les autorités comptent désormais encadrer cette profession. Cinquante-trois sociétés de gardiennage et de transport de fonds agréées activent actuellement dans notre pays sans une délimitation claire de leurs tâches, sans assurer une formation correcte à leurs employés, encore moins un recyclage périodique. Présente sur le terrain depuis 1993 à la faveur du décret législatif numéro 93-16, l'activité de ce qui est appelé aussi “la police privée” n'a pas fait, depuis, l'objet d'un contrôle strict et régulier. Des cadres du ministère de l'Intérieur, et des Collectivités locales, du commandement de la Gendarmerie nationale, des responsables au niveau de la direction générale de la Sûreté nationale se sont réunis, dernièrement, pour marquer une halte et revenir sur l'expérience algérienne dans le domaine apprend-on de source sécuritaire. Il s'agit, selon notre interlocuteur, de comptabiliser “les erreurs et les dérapages et réfléchir sur les garde-fous à mettre en place”. Treize représentants de sociétés de gardiennage et de transport de fonds ont participé à ce débat, ponctué par une communication de Marc Cools, professeur en criminologie aux universités de Gand et Libre de Bruxelles, intitulée “La police privée : enjeux, et complémentarité”. La politique de la sécurité en Algérie n'a pas échappé, en effet, durant ces années de terrorisme, à la privatisation. Accaparés par la lutte contre le terrorisme, les différents services de sécurité ne pouvaient plus assurer certaines missions. D'autres solutions ont été recherchées et elles ont été proposées par le privé. Des groupes industriels et des sociétés étrangères particulièrement celles installées dans le Grand-Sud, constituent l'essentiel de la clientèle des sociétés de gardiennage qui ramassent des gains considérables. À leur tête, presque toujours, des ex-gendarmes ou ex-officiers de police. C'est du moins, ce qui ressort dans la demande d'agrément, mais souvent les véritables propriétaires, de ces affaires, fort lucratives, se cachent dans l'ombre. Une réflexion est en cours, au plus haut niveau de responsabilité du pays, pour que des règles de jeu mieux contrôlables soient imposées aux dites sociétés dont l'intervention doit s'accomplir en complémentarité à celle de la gendarmerie et de la police. “La police privée ne doit pas se charger de la criminalité. Elle ne doit pas porter atteinte non plus aux libertés individuelles. Il s'agit aujourd'hui de départager, de tracer les limites entre espace privé et espace public et ensuite de définir les limites de la collaboration public-privé”, pense notre source. Il est ainsi interdit aux sociétés de gardiennage d'exercer leurs activités sur la voie publique, d'intervenir dans un conflit de travail, ou de se livrer à une surveillance d'opinion. De nombreuses zones d'ombre persistent, néanmoins, sur leur approvisionnement en armes. Des fusils à canon, fusils de chasse... sont achetés de l'étranger par les propriétaires de ces entreprises sous contrôle, assure-t-on de l'Etat. Un approvisionnement qui doit faire l'objet d'une autorisation préalable, sans être toutefois réglementé par des textes précis. Enfin qui se chargera à l'avenir de la formation du personnel des sociétés de gardiennage en question ? Leurs propriétaires, eux-mêmes, ou les autorités algériennes concernées ? Nissa Hammadi