Le président de la République a nommé, hier, M. Moulay Mohamed Guendil qui occupait précédemment le poste d'ambassadeur en République tchèque. Le laconique communiqué de la Présidence n'est pas fait pour renseigner davantage sur ce personnage très discret qui, pourtant, connaît parfaitement les rouages de l'administration. À l'ombre des regards, M. Guendil, dont le choix de la nomination pourrait sembler surprenant, répond néanmoins à des critères sérieux qui le caractérisent durant sa carrière. Carrière qu'il a passée dans l'administration qu'il maîtrise parfaitement, hormis un intermède diplomatique, de 2004 à 2006, comme ambassadeur en République tchèque. Rappelé il y a deux mois, M. Guendil sait attendre, et sa connaissance de la haute administration dont il est issu, ainsi que d'autres qualités ont certainement plaidé en sa faveur dans le choix de Bouteflika. À l'Intérieur depuis pratiquement 1992, après avoir occupé différents postes administratifs au niveau local, notamment wali de Constantine et d'Annaba, il a été appelé à l'époque où le portefeuille de l'Intérieur était entre les mains de Hardi. Il restera là, et aura à travailler avec Meziane Chérif, Benmansour, Sellal et Zerhouni. Personnage-clé ? Probablement, puisqu'il est surnommé M. Elections, d'une part, et aucun des ministres qui se sont succédé à ce poste n'a songé à le changer, d'autre part. Ce qui donne de lui l'image d'un personnage consensuel. Cette longévité lui a permis de côtoyer plusieurs ministres et des walis devenus entre-temps ministres. Il a une parfaite connaissance des mœurs de l'administration, du sérail et du monde politique. Cet homme silencieux, natif de Ghazaouet, par son expérience s'est constitué la fiche complète du personnel politique, le “who's who”, qui est une qualité indispensable pour un chef de cabinet. Aussi peut-on dire qu'il a une parfaite connaissance du personnel politique doublée d'une gestion “pointilleuse” des collectivités locales. En somme, des atouts qui le qualifient pour hériter de la lourde tâche de remplacer l'imposant Larbi Belkheir. Des atouts qui font de lui également un conseiller utile pour le président de la République. Cela d'ailleurs s'est joué, selon certaines informations, entre lui et le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Belaïz. Pressenti un moment pour prendre le département de l'Intérieur et des Collectivités locales qu'il connaît déjà, en remplacement de Zerhouni qui, dit-on, aurait émis le vœu de partir, M. Guendil est enfin nommé à un inattendu poste, mais néanmoins plus sensible, d'autant plus sensible qu'il s'agit de rejoindre le cercle présidentiel. Et connaissant le souci et l'intransigeance du président Bouteflika en matière de nomination de ses collaborateurs, le choix porté sur l'ancien secrétaire général de l'Intérieur de lui confier cette lourde et délicate mission au sein de la plus haute autorité de l'Etat dénote, sans doute aucun, la confiance que place en lui le président de la République. En fait, ce choix est dicté par le fait que M. Guendil répond parfaitement au profil recherché pour suppléer au vide laissé par Larbi Belkheir. Plus qu'une reconnaissance de ses compétences, la désignation de M. Guendil à un poste de proximité du Président est, à bien des égards, une consécration de ses efforts, de son parcours, de son expérience qui font de lui un personnage sur mesure à la mission qui lui est dévolue. Enfin, pour l'anecdote, M. Guendil n'a fait que deux apparitions à la télévision malgré toutes ces années passées dans les collectivités locales et au ministère de l'Intérieur. C'était le 14 juin 2001, lors de la marche-émeute des archs à Alger. Ce jour-là, il est apparu à la télévision. C'était lui le médiateur. L'ancien secrétaire général de la wilaya de Béjaïa connaissait aussi les archs pour avoir eu à occuper des postes en Kabylie. La seconde, c'était au lendemain des répliques du séisme du 21 mai 2003. Djilali B.