C'est vers 16h30 que les premières familles des victimes arrivent au salon d'honneur de l'aéroport Houari-Boumediene ; une cellule de crise y a été installée une demi-heure plutôt, pour l'accueil et la prise en charge médicale et psychologique. Des équipes de médecins et des agents de la Protection civile s'affairaient à mettre en place un poste d'urgence. A l'intérieur, le bureau d'information est très vite pris d'assaut, les proches cherchent à se renseigner sur la liste des passagers en gardant l'espoir que leurs parents n'y figurent pas, mais pour le moment, aucun nom n'est donné officiellement, selon M. Dali, cadre de la compagnie : “Nous ne donnerons la liste définitive des victimes qu'un fois confirmée par Tamanrasset, il n'est pas question de faire des erreurs, la responsabilité est trop grande.” La tension est à son comble et les familles commencent à s'impatienter, quand, à 18h, les responsables d'Air Algérie communiquent la liste des victimes, ce qui s'en suit est indescriptible, insupportable. Toute la souffrance et la détresse du monde s'abat à l'annonce du nom d'un proche ou d'un parent. Les cris de douleurs retentissent dans toute la salle, deux femmes s'écroulent sur le sol, les médecins courent dans tous les sens. Journalistes, policiers, employés de la compagnie, personne ne résiste. Les plus courageux ont les yeux embués de larmes, d'autre pleurent en sanglots. La tristesse est à la mesure de la catastrophe. A chaque fois qu'un proche parent arrive à la cellule de crise, le cauchemar est le même. D'autres, plus fragiles, sortent à l'extérieur pour plus d'intimité et prendre l'air. Les nerfs sont à bout, certains s'en prennent même à la presse et aux photographes, comme pour essayer de chercher un responsable à leur malheur. Les collègues du personnel navigant sont là. Abattus, la mine défaite, ils nous parlent de leurs amis : “Personne ne comprend plus rien, nous sommes encore sous le choc, nous n'arrivons pas encore à réaliser. Je connaissais les 6 membres de l'équipage. Le chef de cabine, Si Ahmed Raïssi, est un garçon formidable, toujours le sourire aux lèvres. Ce jour-là, il a remplacé un ami qui devait se fiancer, c'est une grand perte pour nous et pour sa famille, il avait deux garçons et deux filles. Les hôtesses et les stewards sont tous jeunes, ils ont moins de trois ans d'expérience. Le copilote est une femme, Mme Youcefi Fatima. Elle était très proche de ses enfants, à chaque décollage et après chaque atterrissage, elle appelait chez elle, une vraie maman poule. Le commandant, M. Ben Aouicha, est un excellent pilote, tout le monde le regrettera”. Une journaliste, venue couvrir l'événement, éclate en sanglots, quand elle découvre le nom de son cousin sur la liste des victimes. Jusque tard dans la soirée, le deuil est présent dans les coins de la salle, certains sont rentrés chez eux, les autres plus affectés, sont pris en charge par les psychologues. M. O.