Sur la route de Dar Diaf, au milieu d'un terrain vague, à quelques centaines de mètres des belles villas des nouveaux riches, se trouve haouch Achaïbou. C'est ici que 94 demandeurs d'asile congolais ont élu domicile. Au milieu d'une colline traversée par des rigoles d'eaux usées dégageant une odeur nauséabonde se trouve la carcasse d'une maison inachevée et délaissée. L'habitation se résume à deux dalles liées par une cage d'escalier. Elle est devenue le campement officiel des demandeurs d'asile. Leurs abris sont précaires, faits à base de branches d'arbres, de sacs plastique, de cartons et autres matériaux. Dans un coin à moitié caché par du plastique, un gars fait sa toilette avec un peu d'eau. Leurs habitations ne sont pas alimentées en eau potable ni dotées d'électricité. Dans ce campement vivent des Congolais, des Ivoiriens et quelques Camerounais, l'Afrique francophone. “Vous êtes les seuls que nous avons autorisés à visiter notre campement. Ici, il n'y a pas de clandestins, nous sommes tous en règle”, fait remarquer Assimbo. Il nous fait visiter le campement qui est séparé en deux étages : le compartiment des célibataires se trouve au rez-de-chaussée. Il est constitué de plusieurs dortoirs réservés aux hommes. Chaque pièce est composée d'une vingtaine de lits, séparée par des draps étendus de bout à l'autre pour se créer un peu d'intimité. À l'étage, se trouvent les appartements des mariés. Composés de petites pièces qui ne dépassent pas les 8 m2, elles font office de chambre à coucher, de cuisine et salle de séjour. “C'est un trois en un. La nuit, c'est une chambre à coucher, la matinée, c'est une cuisine et l'après-midi, c'est un salon”, éclate de rire Léa. À quelque pas, un jeune construisait son futur nid d'amour à base de branches et de cartons. “Elle sera prête dans deux jours”, dit le futur époux. À l'extérieur, une grande cour fait office de lieu de rencontre entre tous les voisins. Tout au fond, des jeunes filles se coiffent, pendant qu'une dizaine de gamins couraient dans tous les sens. On apprend, lors de notre visite, que les enfants des demandeurs d'asile ne sont pas scolarisés. “Nous sommes en train de mener un combat pour l'éducation de nos enfants”, déclare un père de famille. Il poursuit en disant que son fils de 7 ans n'est toujours pas inscrit à l'école. Leur parler des lois et du droit à l'éducation est trop leur demander, eux qui n'ont rien à se mettre sous la dent. “Vous parlez d'école ! Il a fallu l'intervention de l'UNHCR pour que nos enfants soient inscrits sur les registres de l'état civil”, signale un autre père de famille. Dans cette carcasse, ils sont une centaine de personnes, de trois nationalités différentes, à chercher asile en Algérie. EIles croient, dur comme fer, que l'ONU leur portera secours et leur donnera le statut de réfugiées afin de s'en sortir. En dépit de la misère qu'ils vivent au quotidien, ces clandestins n'ont pas perdu le sourire ni le sens de l'hospitalité. Ils se sont livrés à nous de manière très spontanée. Ils nous ont même invité à partager le peu de choses qu'ils avaient. N. A.