Désagréments n Déversement d'eaux usées, chaleur suffocante, risque d'explosion des conduites d'eau et de gaz et insalubrité sont le lot quotidien des habitants de ce site. Situé à quelque deux kilomètres du centre-ville, le site Derriche compte aujourd'hui 162 chalets et abrite près de 1 000 âmes. Il constitue l'un des premiers sites de chalets érigés au lendemain du séisme du 21 mai 2003. Ici, des familles de cinq à huit personnes sont entassées dans des chalets de 32 mètres carrés. «Les prisonniers de Guantanamo ont plus d'espace que nous», ironise d'un ton amer l'un des habitants, faisant allusion à l'exiguïté étouffante dont souffrent les occupants des chalets. Une petite chambre de trois mètres carrés, un salon de moins de deux mètres carrés, une petite cuisine, des sanitaires. C'est dans cette surface que sont contraints de vivre les sinistrés depuis six ans. Certains habitants ne se sont pas meublés pour permettre aux membres de la famille d'avoir plus d'espace pour dormir. «Si je ramène une bibliothèque, une armoire et une machine à laver, nous serons obligés de dormir dehors !», explique un autre sinistré. Le déversement d'eaux usées a rendu le quotidien des occupants insupportable. Des odeurs nauséabondes se dégageant des canalisations percées, agressent les narines. Les dizaines de réclamations formulées en vue de remédier à cette situation néfaste n'ont pas abouti. Les autorités locales continuent à faire la sourde oreille devant les préoccupations des sinistrés. Avec la chaleur caractérisant ce début d'été, les chalets deviennent des fours et la vie y devient tout simplement infernale, d'autant plus que la plupart des occupants ne peuvent se permettre le luxe d'un climatiseur. Qu'il pleuve ou qu'il neige, les écoliers doivent parcourir quotidiennement, plus de trois kilomètres aller et retour. La route menant vers ces chalets est dans un état pitoyable et devient un véritable bourbier en hiver et les écoliers doivent, en effet, faire toute une gymnastique pour éviter de s'enliser. «En hiver, les enfants refusent d'aller à l'école et on a vraiment du mal à les convaincre. Même si nous avons vraiment peur pour eux, ils doivent quand même étudier… Que les autorités aient pitié de ces innocents !», explosent, à l'unanimité, les habitants de ce «quartier». Le génie des autorités locales est allé jusqu'à planter ce site dans une assiette traversée par deux grandes canalisations d'eau potable et de gaz de ville. Les habitants vivent dans l'inquiétude. Ils craignent d'éventuelles explosions de ces tuyaux. Une grosse explosion s'est déjà produite en janvier 2008, causant d'énormes dégâts matériels. Le tuyau de livraison de l'eau potable à partir du barrage de Taksebt a éclaté au milieu du site et a endommagé une quarantaine de chalets et plusieurs véhicules des habitants. Heureusement que cet incident n'a pas causé de pertes humaines. «Et si cette explosion avait eu lieu la nuit ? Rebbi starna, sinon tous les habitants des chalets auraient péri», affirme un habitant du site. L'autre menace est le passage de la conduite du gaz de ville à moins de quinze mètres des chalets. Le site est aussi investi par les sangliers durant la nuit, du fait de sa proximité d'une grande forêt. En un mot, une catastrophe est à craindre. La seule issue demeure le relogement de ces sinistrés… Mais quand cela interviendra-t-il ?