Le destin de Barcelone, tenant de la Ligue des champions de football, dépend en partie de son pire ennemi, l'entraîneur de Chelsea Jose Mourinho, connu en Catalogne sous son nom de scène, “le Diable”, qui pourrait être tenté de faire l'impasse contre le Werder Brême, demain. Chelsea, notamment grâce à sa victoire (1-0) et son nul (1-1) contre le Barça lors des matches précédents, est assuré de sa qualification en huitièmes de finale. Une victoire à domicile contre le Levski Sofia lors de la dernière journée, plus que probable, pourrait suffire à lui assurer la première place du groupe. Si Chelsea s'inclinait en Allemagne, le véritable perdant serait à chercher en Catalogne : Barcelone n'aurait alors d'autre choix que de battre le Werder lors de la dernière journée pour poursuivre son aventure européenne. Or, le match le plus important de la semaine pour Chelsea, ce sera dimanche, à Old Trafford, avec pour objectif de gagner et de rejoindre Manchester United en tête du championnat d'Angleterre. L'obsession de Mourinho, cette semaine, a le visage d'Alex Ferguson. “La seule chose qui me rende malheureux en ce moment, c'est d'être deuxième du championnat. Je veux être premier.” “Or, nous pouvons quitter Old Trafford en leader du championnat. Je suis vraiment désolé que notre prochain match soit contre le Werder et non Manchester United.” De là à dire que Mourinho, déjà privé de son défenseur Ricardo Carvalho, blessé, pourrait laisser au repos quelques titulaires avant le choc anglais, il y a un pas que le Portugais se refuse à franchir publiquement : “Nous irons à Brême pour jouer un match sérieux. Nous ne pouvons nous permettre d'aller là-bas avec une équipe de réservistes.” Mais, outre les arguments sportifs, un sentiment plus profond pourrait animer Mourinho. Six confrontations houleuses avec les Catalans ont montré qu'il n'y a qu'une chose que Mourinho hait plus que la défaite : Barcelone. Le Portugais a toujours semblé avoir une mystérieuse revanche à prendre sur le club où il a commencé comme traducteur, en bas de l'échelle. Chelsea a éliminé Barcelone il y a deux ans, avant que les Catalans ne se vengent au printemps dernier. Pratiquement, tous ces matches ont été agrémentés de propos agressifs, proches de la haine, de la part de Jose Mourinho. Il a accusé, sans fondement, l'arbitre Anders Frisk de collusion avec les Catalans ; il a décrit cette année les joueurs barcelonais comme des acteurs de théâtre, leur reprochant de simuler des fautes pour tromper les arbitres... Le mépris et la condescendance que lui ont opposés les Barcelonais — Frank Rijkaard a jugé que le goût compulsif de Mourinho pour la polémique reflétait l'“esprit d'un pauvre type”, Edmilson lui a recommandé de “fermer sa g...” —, ne sont pas de nature à apaiser un homme qui, depuis son arrivée en Angleterre en 2004, semble éprouver une étrange jouissance à s'attirer la haine du reste du monde. “Si Brême bat Chelsea et que Barcelone est éliminé de la compétition, ce n'est pas notre guerre. Ce n'est pas notre problème.” Le “Diable” n'est pas loin de succomber à la tentation.