Le capitaine d'Arsenal, Thierry Henry, a débuté la semaine par la confirmation qu'il ne serait pas le Ballon d'or 2006, l'a poursuivie par une défaite à Fulham (2-1) en championnat d'Angleterre, et l'a terminée par une sciatique qui le prive du derby contre Tottenham samedi. Que la récompense du meilleur joueur d'Europe lui échappe encore ne l'a pas pris par surprise. La victoire de l'Italien Fabio Cannavaro était un secret de polichinelle. Soutenu par son entraîneur Arsène Wenger et son sélectionneur Raymond Domenech, l'intéressé avait d'ailleurs pris soin d'expliquer que cette distinction, décernée par des journalistes, n'avait à ses yeux qu'une valeur relative. Avec le titre du joueur Fifa de l'année, désigné par les sélectionneurs qui, eux, ne sont pas des rigolos, on allait voir ce qu'on allait voir, avait prévenu Domenech ! Las, mercredi, la Fifa a donné la liste des vainqueurs potentiels : Cannavaro, Ronaldinho et Zinedine Zidane... Que paye l'attaquant ? Sa méforme relative (il a tout de même marqué 7 buts en championnat) ? Le début de saison médiocre de son équipe qui compromet tout espoir de titre ? L'attitude distante qui lui est parfois reprochée quand il marque ? Le fait d'avoir perdu ses deux finales, en Coupe du monde et en Ligue des champions ? L'intéressé répète qu'il est le seul à les avoir disputées, qu'il a disputé 55 matches depuis janvier, rendant explicable une certaine lassitude physique. Mais il n'empêche : Henry, qui, après plus de sept saisons, dispose du respect des supporteurs Gunners mais reste loin de la cote d'amour de son prédécesseur Patrick Vieira, est désormais critiqué, parfois raillé. Lors d'un débat sur une radio anglaise cette semaine, Talksport, son agent a dû appeler en direct pour défendre son client à qui il était vertement reproché, par deux obscurs joueurs des années 1970, de s'être fait une spécialité de passer au travers des matches importants. Le même jour, le gardien de West Ham, Jimmy Walker, s'est moqué du Français en rapportant un incident après le match houleux perdu par Arsenal. Selon Walker, Henry serait allé dire au très populaire vétéran du championnat, Teddy Sheringham : “Pourquoi tu es encore impliqué ? Tu as 40 ans.” L'Anglais ne répondant pas, Henry l'aurait suivi, “lui répétant encore et encore : tu as 40 ans, tu as 40 ans”. “À un moment, Teddy s'est retourné et lui a dit : tu essayes de m'énerver ? Tu crois que j'ai besoin que tu me rappelles que j'ai 40 ans ?” Henry dit “accepter” les critiques, concédant ne pas être “au top de (sa) forme en ce moment” et ne pas aider son “équipe autant qu'(il) le voudrait”. Après une défaite sur le terrain de la modeste équipe de Fulham mercredi, Henry, qui a choisi de rester à Arsenal malgré les appels du pied de Barcelone, a souhaité, dans un entretien au tabloïd The Sun, un renforcement de son équipe, talentueuse mais inexpérimentée, en janvier, ce que Wenger semble exclure. Il rejoint des appels de personnalités extérieures au club, comme l'ancien entraîneur George Graham qui a par ailleurs estimé qu'Arsenal manquait de leaders, égratignant Henry. “Nous sommes exactement là où nous méritons d'être dans le championnat”, regrette l'attaquant, très déçu de rater l'occasion de répondre aux critiques à l'occasion du match le plus important de l'année aux yeux de nombreux supporteurs, le derby nord-londonien contre les rivaux historiques de Tottenham. Il y a des semaines comme ça...