Manchester United doit réussir au moins un nul, aujourd'hui contre le Benfica Lisbonne, son tombeur en 2005, s'il ne veut pas revivre l'humiliation de la saison dernière, avec une élimination dans les phases de poule de la Ligue des champions. Mais le leader du championnat d'Angleterre dispose d'arguments qu'il n'avait pas il y a un an. L'arme Wayne Rooney est de retour. Critiqué, autant pour son Mondial que pour un début de championnat en demi-teinte, le gamin de Liverpool affiche une forme étincelante. S'il ne marque pas systématiquement, il est un complément parfait pour Louis Saha devant, déployant une énergie inlassable, provoquant et pourvoyant des passes millimétrées, comme contre Chelsea il y a dix jours. Il a mûri, ne s'emportant plus contre les arbitres ou ses adversaires. Rooney est actuellement un des meilleurs joueurs d'Angleterre. Sinon le meilleur. L'effectif. On le dit moins pléthorique que celui de Chelsea. Alex Ferguson ne dispose que du Norvégien Ole-Gunnar Solskjaer comme solution de remplacement pour sa doublette Saha-Rooney, la pige d'Henrik Larsson ne débutant qu'en janvier. Pour muscler son milieu où, malgré sa précision de passes, Michael Carrick n'a pas fait oublier Roy Keane, Ferguson n'a pas renoncé à recruter rapidement Owen Hargreaves (Bayern Munich). Mais Manchester ne se résume pas à onze titulaires. Face à Middlesbrough, Darren Fletcher, d'ordinaire remplaçant, a marqué le but victorieux. Auparavant, les Red Devils ont étrillé Everton en laissant au repos Ryan Giggs et Nemanja Vidic et en mettant sur le banc Paul Scholes et Louis Saha. Le style. Manchester United peut contester à Arsenal l'image de l'équipe du beau jeu. Avec Carrick et Paul Scholes à l'orchestration, ses arrières latéraux entreprenants, Cristiano Ronaldo et Ryan Giggs qui ne fait pas ses 33 ans sur les ailes, et la doublette Saha-Rooney devant, le danger vient de partout : douze joueurs ont marqué cette saison. Mais Manchester ne devra pas répéter ses erreurs de Copenhague et de Glasgow de laisser passer ses — nombreuses — occasions aujourd'hui. Derrière, il lui faudra éviter les sautes de concentration, entrevues notamment lors du match aller contre le Celtic (3-2). L'état d'esprit. Il est radicalement différent de l'an dernier quand Ferguson répétait que son équipe était en transition. Désormais, il clame haut et fort ses ambitions de remporter le championnat et une deuxième Ligue des champions. “Manchester jouait pour la deuxième place en Angleterre, désormais l'équipe veut tout gagner”, prévient Ronaldo. La pression. Manchester United résistera-t-il à la pression de son premier match couperet de la saison ? Surtout après avoir eu toutes les cartes en main pour se qualifier rapidement au bénéfice de ses trois victoires initiales avant les revers danois et écossais. Dans ces conditions, ce serait “criminel” de ne pas passer, dit Rio Ferdinand. Mais le capitaine assure que son équipe “n'est pas nerveuse”. L'enjeu. Une deuxième élimination consécutive serait désastreuse pour l'image de Manchester mais aussi pour ses comptes. Contrairement à Roman Abramovitch à Chelsea et sans doute à la famille al-Maktoum à Liverpool, Malcolm Glazer a racheté Manchester United en empruntant. Le club est endetté et son excellente rentabilité (le cadet des soucis de Chelsea) est essentielle pour se maintenir au plus haut niveau. La manne de la Ligue des champions en est un élément essentiel.