Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a subi une nouvelle salve de critiques contre sa politique extérieure et intérieure, notamment de la part du grand ayatollah dissident, Hossein Ali Montazeri, l'ancien dauphin du fondateur de la République islamique, Rouhollah Khomeiny. “Nous disons mort à l'Amérique, mais les Etats-Unis sont une puissance avec des moyens importants. Ils ont une politique qui ne sert pas leurs intérêts et comme au Vietnam ils ont subi un échec en Irak”, a déclaré le grand ayatollah lors d'une rencontre avec des dirigeants de l'opposition libérale. “Mais il faut agir avec raison face à l'ennemi et ne pas le provoquer. Les extrémismes ne servent pas les intérêts du peuple, il ne faut pas provoquer l'ennemi”, a-t-il ajouté, dans une référence implicite au président Ahmadinejad. “Tous les jours, on répète que telle chose est notre droit le plus absolu. D'accord, c'est votre droit. Mais on peut obtenir un droit sans créer des problèmes et sans donner des prétextes aux autres” pour faire pression sur le pays, a ajouté M. Montazeri. Le président Ahmadinejad a fait l'objet récemment de critiques, y compris dans les rangs conservateurs, à cause de ses déclarations répétées et pleines de défi sur le droit de l'Iran à poursuivre son programme nucléaire. Le grand ayatollah Montazeri a aussi critiqué la situation économique, en particulier l'inflation. “Certains responsables disent que l'inflation ne dépasse pas 13 % (...) Mais lorsqu'on examine la question, on voit que dans certains domaines comme le logement, les prix ont augmenté de 50 %”, a-t-il dit. “On ne peut pas gouverner le pays avec des slogans”, a-t-il ajouté. Hier, un important député modéré a violemment critiqué le président dans un discours à la tribune du Parlement. “Certaines provocations et l'aventurisme du président ne correspondent pas à notre politique extérieure”, a déclaré Akbar Alami. “La méthode choisie par le Président ne sert absolument pas les intérêts nationaux”, a-t-il dit. Le député a aussi dénoncé “l'organisation de la conférence sur l'holocauste par le ministère des Affaires étrangères”, qui a donné “des prétextes” aux adversaires de l'Iran. Il a encore critiqué le président Ahmadinejad pour avoir qualifié “de papier déchiré” la résolution 1737 du Conseil de sécurité qui impose des sanctions contre les programmes nucléaire et balistique de l'Iran.