Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, se rendra aujourd'hui à Cannes en France pour prendre part à la 24e conférence des chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique et de France, a indiqué hier un communiqué de la présidence de la République. Cette conférence, qui se tient demain et après-demain, aura pour thème “L'Afrique et l'équilibre du monde”. Selon des sources concordantes algériennes et françaises, le président de l'Assemblée nationale française, Jean-Louis Debré, avait insisté, lors de sa visite à Alger du 19 au 22 janvier, auprès de M. Bouteflika pour qu'il aille au sommet franco-africain de Cannes, le dernier de Jacques Chirac en tant que chef d'Etat français. MM. Bouteflika et Chirac ont déclaré, à plusieurs reprises, entretenir des relations amicales. Ils souhaitaient signer ce traité d'amitié pour sceller la réconciliation définitive entre la France et l'Algérie. Il faut savoir que le sommet France-Afrique, qui se tient tous les deux ans en alternance en France et en Afrique, a été inventé par le gaullisme qui avait son idée sur “la grandeur” de l'ex-plus grande puissance coloniale. Le président Jacques Chirac fait ses adieux à l'Afrique, aujourd'hui, lors du sommet à Cannes qui réunit une trentaine de dirigeants d'un continent frappé par la pauvreté et les conflits, mais dont les richesses suscitent de nouveau des convoitises. Les anciens colons sont pratiquement chassés par les Etats-Unis et la Chine, en compétition serrée pour le leadership sur le commerce mondial. à l'écart de la mondialisation, l'Afrique, qui représente moins de 2% des échanges internationaux, possède néanmoins d'énormes richesses naturelles (pétrole, gaz, minerais, bois), qui aiguisent tous les appétits. Ce 24e sommet franco-africain est le dernier du quinquennat du président français, qui, dans la tradition gaullienne, a tissé durant ses douze années de pouvoir des relations étroites, et parfois controversées, avec bon nombre de ses pairs africains. Chirac souhaite que ses successeurs préservent la place privilégiée de la France en Afrique en leur rappelant qu'ils doivent se départir des idées reçues sur ce qui se passe dans ce continent. Le Président devait avertir les prétendants à sa succession que l'Afrique est non seulement “un continent en mouvement, qui change, qui bouge, qui gagne”, lors d'un forum à deux jours du sommet des chefs d'Etat français et africains, soulignant que c'est aussi sur le continent que se joue l'avenir commun de l'humanité. Il sait de quoi il parle, lui qui a fini par essuyer des déconvenues en Afrique faute d'audace et, plus encore, par la survivance de relents assez néocolonialistes. Les organisateurs de ce sommet ont annoncé la présence à Cannes d'une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont le dernier carré des inconditionnels de l'Elysée, comme Bongo du Gabon, doyen des chefs d'Etat africains, au pouvoir depuis 1967, Biya du Cameroun, Deby du Tchad et Nguesso du Congo. Quant à l'Ivoirien Gbagbo, dont les relations avec Jacques Chirac sont devenues notoirement exécrables, il boycottera une nouvelle fois cette rencontre à laquelle il ne participe plus depuis l'éclatement de la crise ivoirienne en 2002 et le basculement d'Abidjan dans le camp américain. La Côte d'Ivoire était auparavant la vitrine de la France en Afrique. Des pays comme le Sénégal et le Bénin n'ont pas manqué de s'interroger sur l'avenir de ces sommets qui se sont tout de même “multilatéralisés” grâce notamment à “Chirac l'Africain”. D. Bouatta