Discrets jusque-là, les responsables de Beur TV ont entamé leur opération de marketing afin de sortir la nouvelle chaîne de l'ombre. C'est, sans doute, dans cet objectif qu'a été organisée, hier matin, à Paris la conférence de presse donnant l'occasion à son directeur général, M. Nacer Kettane, de présenter la chaîne, programme et orientations aux médias, presque un mois après son lancement, le 4 mars dernier. Dossier de presse et CD Rom en renfort, le patron de la chaîne naissante prend la parole pour décliner, d'emblée, l'identité et le contenu de la nouvelle télé. C'est “une chaîne qui sort des entrailles de la France, faite par des enfants issus de l'immigration maghrébine”, ce qui lui confère “une identité unique au monde”, déclare M. Kettane en affirmant que Beur TV a “la volonté d'arrimer la France à son versant méditerranéen” mais aussi a l'objectif de “renverser cette discrimination qui existe dans les médias français”. Prenant la parole, Mme Louisa Hara, la responsable de la presse, a tenté de détailler la grille des programmes. Magazines hebdomadaires et mensuels, émissions culturelles, des programmes spécial femme, beauté, cuisine et achats, la chaîne cherche à atteindre “les 7 millions de Maghrébins vivant en France, mais aussi les Maghrébins du Maghreb”, affirme Mme Hara tout en reconnaissant que Beur TV démarre modestement, et ses grilles de programme sont provisoires, donc susceptibles d'être améliorées. Les spots projetés, hier, au cours de la conférence de presse ont permis de donner un aperçu sur le contenu et l'habillage de la chaîne. Sur ce dernier point, Beur TV est apparue lourdement imprégnée par l'habillage et l'esthétique “arrière-gardiste” de l'ENTV, même si le patron de la chaîne, en analysant le logo de Beur TV, a insisté sur la diversité dans les langues, les échanges et l'illumination comme principaux messages que la nouvelle télé cherche à véhiculer. Côté finances, Beur TV qui a obtenu le 8 janvier 2001 la convention du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA ) (France) tourne actuellement au tour de 5 millions d'euros en terme de budget annuel. Mais dans la perspective d'augmenter ce capital et de le diversifier, la chaîne compte sur les recettes publicitaires. Des négociations avec d'autres partenaires financiers sont en cours, reconnaît le directeur de la chaîne. Il n'en dira pas plus mais promet plus de transparence dans deux mois. Une seule affirmation, pour le moment : “Il n'y a pas de capitaux d'Etat dans les fonds de la chaîne”. La raison : “Notre credo est de rester libres. Il y a de l'argent et nous savons comment aller le chercher”, précise M. Kettane. H. B.