Un nouveau roman de Amin Zaoui vient de paraître aux éditions Barzakh (Alger), intitulé Festin de Mensonges. Fidèle à lui-même, l'auteur de la Culture du Sang continue de braver le conformisme et les règles établies. Son goût à affronter les obstacles fait que de l'intérieur d'une société presque totalement prisonnière des tabous sociaux, Zaoui pousse et entrouvre les deux battants de la solide porte qui peine à se dégager, plus que sur le monde, sur des réalités naturelles. Comme l'a fait Charles Baudelaire pour la vieille poésie française, Amine Zaoui “fusille” une littérature interminablement fixée dans le temps et rivée dans des thématiques à répétition des genres révolutionnaires, progressistes, anti-réactionnaires, etc. Le romancier prend un tout autre chemin pour satisfaire enfin les nouvelles attentes, les nouvelles exigences des nouvelles générations devenues difficiles à mobiliser autour d'un livre non attirant. Amine fait dérouler une histoire à plusieurs personnages introduits dans une même scène où chacun joue un rôle de continuité. L'amour prend toute son importance et est décrit jusqu'au tréfonds de la volupté. L'auteur libère ainsi l'initiative et exprime pour nous et à juste titre les “secrets de nos désirs non exprimés par nous”. Il souffle un blizzard sur la complicité collective, tacite, le plus souvent naïve, pour laisser apparaître la réjouissance dans toute sa splendeur, sa beauté, mais surtout son naturel. Ainsi, l'amour, ce sentiment appréhendé, désiré et recherché à la fois s'engouffre dans les gestes de la société sans heurt. Comme Courtin, Zaoui pense qu'il importe que la vie de l'esprit naisse moins de la poussière des mots que de la sève des choses. C'est alors qu'à longueur de lignes, de paragraphes et de pages, la sève des choses jaillit pour humidifier et abreuver à volonté un texte qui se lit d'un trait et sans rupture. A. A. (*) Nouveau roman de Amin Zaoui)