Dans cet entretien, le ministre annonce l'élaboration d'un cahier des charges commun à toutes les wilayas côtières pour l'exploitation des plages. Liberté : L'Algérie figure parmi les pays de la région qui compte un grand pourcentage de tourisme local. Comment vous y prendrez-vous pour amener les Algériens à passer leurs vacances au pays et leur offrir de meilleures prestations ? Nourredine Moussa : C'est en effet le cas et c'est un bon signe, car cela dénote un pouvoir d'achat intéressant de l'Algérien qui se permet des loisirs et des vacances, et c'est tant mieux ; cela constitue une garantie supplémentaire pour l'investisseur puisqu'il existe réellement un marché interne et donc un retour d'investissement assez rapide. Mais lorsqu'il s'agit d'impulser un tourisme interne, cela m'amène à aborder inéluctablement la stratégie décennale du secteur qui, au départ, se base sur le rattrapage en termes d'infrastructures touristiques et hôtelières et la mise à niveau de ce qui existe. C'est justement là la démarche : s'assurer suffisamment d'investissement, notamment en infrastructures pour offrir aux Algériens le choix de passer les vacances au pays ou ailleurs. L'objectif, évidemment, est de les voir rester chez eux surtout que nous disposons d'un territoire vaste avec d'immenses potentialités, qu'il s'agisse de stations balnéaires, de tourisme de bien-être, de stations thermales, de tourisme saharien ou culturel et permettre ainsi à chaque Algérien de découvrir son pays. Les Algériens ne le souhaitent que trop, mais comment expliquer le fait que passer les vacances dans son propre pays revient plus cher que d'aller à l'étranger, chez nos voisins tunisiens par exemple ? Il n'y a que la concurrence qui pourrait remettre les prix à un niveau acceptable par les Algériens et les rendre équivalents, si ce n'est plus intéressant que ce qui est proposé ailleurs et par les Tunisiens, en l'occurrence. Nous ne pouvons pas, dans l'état actuel des choses, prétendre être en mesure de concurrencer nos voisins qui disposent des moyens nécessaires. La Tunisie dispose de 230 000 lits répondant aux normes internationales contre 85 000 en Algérie dont 70% ne répondent pas aux standards internationaux qui font que la demande est beaucoup plus importante que l'offre de façon à permettre d'asseoir une véritable politique de concurrence. Mais nous nous attelons à améliorer les choses et, pourquoi pas, réaliser une véritable relance dans l'avenir et permettre ainsi aux Algériens d'avoir le choix Seulement quelques jours nous séparent de l'ouverture de la saison estivale. Où se déroulera le coup d'envoi et y a-t-il de nouvelles mesures pour l'été 2007 ? Après Béjaïa l'année dernière, Jijel pour celle qui l'a précédée, ce sera au tour de la wilaya de Tipasa qui a enregistré, ces dernières années, le plus grand nombre de touristes. Quant aux nouveautés, elles découlent du bilan de l'été dernier et des journées d'étude à même de sensibiliser et professionnaliser davantage ceux qui interviennent dans ce cadre. Elles s'inscrivent au niveau du cahier des charges unique commun à toutes les wilayas du littoral de façon à ce qu'elles soient gérées sans disparité aucune. Aussi, les opérateurs qui vont gérer les plages (privées) en disposeront durant cinq années successives de manière à leur permettre d'investir et de disposer du matériel nécessaire pour le nettoyage, etc. Il y aura aussi un dispositif de suivi à travers les brigades mixtes au niveau local, mais aussi par les inspecteurs au niveau central. Il ne faut pas perdre de vue non plus que ces plages peuvent constituer des espaces de loisirs et de création pour les jeunes sans compter l'opportunité de trouver un emploi saisonnier. Il y en a eu 16 000 en 2005 et 18 000 en 2006 et probablement plus cet été, donc une constante progression. Qu'en est-il réellement de la gratuité des plages ? La gratuité d'accès aux plages est consacrée par la loi relative à l'exploitation des plages, ce sont les prestations qui sont payantes, à commencer par le parking. Les choses sont claires et nous sommes au courant de certains dépassements qui ont eu lieu ; nous nous employons à les corriger notamment à travers des plans d'utilisation des plages qui sont en cours d'élaboration de façon à ce que l'espace concédé soit déterminé. En attendant, nous œuvrons pour l'amélioration des conditions d'accueil en dotant les plages de sanitaires et de douches pour ne citer que cet aspect pour les 311 plages ouvertes à la baignade l'année dernière et certainement plus cet été. Propos recueillis par N. S.