Kinshasa accueille, du 12 au 14 juin, une conférence de l'ONU consacrée aux programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) en Afrique, où ces processus restent poussifs et où la réinsertion des ex-combattants est globalement un échec. Deux ans après une première rencontre à Freetown, l'ONU a symboliquement choisi la République démocratique du Congo (RDC), pays sortant d'une guerre régionale (1998-2003) et d'une transition politique sanctionnée en 2006 par des élections considérées comme les premiers scrutins libres en 41 ans dans le pays. Des experts et représentants d'une vingtaine de pays sont attendus pour débattre de la démobilisation des enfants-soldats, des difficultés des réformes de la justice et des forces armées, des problèmes posés par la présence de rebelles étrangers et des immenses défis de la réinsertion dans la vie civile des ex-combattants. Partout, les programmes DDR sont confrontés à de multiples obstacles, notamment politiques et financiers. Dans des pays comme le Liberia, la RDC ou l'Angola, le succès partiel du désarmement est dangereusement remis en cause par la prolifération des armes légères et l'échec chronique des programmes de réinsertion. En RDC, le responsable de l'ONU pour la réforme du secteur de la sécurité, Renner Onana, estime qu'à la fin du programme lancé en 2004, environ 150 000 démobilisés devront être réinsérés. “Si rien n'est fait pour leur réinsertion, il suffit qu'un leader local réarme 15% de ces ex-combattants pour replonger le pays dans l'instabilité”, explique-t-il. Même problème au Liberia, ravagé par plusieurs guerres civiles entre 1989 et 2003, où la plupart des 100 000 démobilisés, abandonnés à eux-mêmes, pourraient “facilement être recrutés par des mercenaires ou des bandes armées”, selon Jackson Spear, de l'ONG Fondation pour la dignité internationale. Au Burundi, qui tente de sortir de 13 ans de guerre civile et où seuls “8 000 démobilisés (sur 23 000) ont déjà bénéficié d'un programme de réintégration”, le général Léonidas Nijimbere, directeur de la Commission DDR, reconnaît des “retards”, imputés à des difficultés politiques et un manque de moyens. Dans tous ces pays, les démobilisés parlent eux “d'échec” et accusent les autorités d'avoir largement détourné “leur” argent. Pour M. Onana, la conférence de Kinshasa devrait voir apparaître une “volonté d'africanisation” de la gestion du DDR et notamment de la réinsertion, moins axée sur des injections sèches d'argent — pratiquées par la Banque mondiale — que sur des programmes durables de formation engageant la responsabilité des acteurs locaux. R. I./Agences