La capitale congolaise abritera, durant trois jours, une conférence qui fera le point sur les programmes de l'ONU en direction des anciens combattants. A partir de demain, Kinshasa sera le centre de discussions sous l'égide des Nations unies ayant pour objectif de faire le point sur le programme onusien de désarmement, démobilisation et de réinsertion (DDR) avec comme finalité de rendre à la vie civile des milliers d'anciens combattants, qui doivent, entre-temps, rendre leurs armes et revenir à la vie civile. Cela ne semble pas aussi simple que cela paraît dans la mesure où il faut toujours prendre en compte les particularités de chaque situation inhérentes à l'après-guerre dans les pays concernés, qu'aux lenteurs apportées à l'application des programmes onusiens par les gouvernants locaux et les institutions internationales. Or, aujourd'hui tous les observateurs s'accordent à dire que les programmes de réinsertion des ex-combattants et de désarmement sont, dans nombre de cas, des échecs consommés. Ce que sans doute confirmera la conférence de Kinshasa qui fait suite à une précédente rencontre similaire organisée à Freetown (Sierra Leone), autre pays qui a été confronté à la guerre civile. Plusieurs pays dans le cas de la RD du Congo et de la Sierra Leone font face à de multiples problèmes qui font que le désarmement et surtout la réinsertion des ex-combattants demeurent très difficiles à mettre en pratique sur le terrain. Que ce soit en Angola, cinq ans après le fin de la guerre civile, au Burundi, au Rwanda, en Côte d'Ivoire, l'arrêt des combats n'a pas été suivi d'une prise en charge en amont et en aval des anciens rebelles dont nombreux, devant le peu de progrès réalisés par les programmes de l'ONU et face à la carence des gouvernements, sont tentés de reprendre leurs activités, d'autant plus que des milliers d'armes de toutes sortes sont toujours dans la nature. Problèmes sécuritaires, sociaux et humanitaires se télescopent dans ces pays dont le point commun est de sortir de guerres douloureuses qui ont induit des centaines de milliers de morts et de blessés déstructurant au passage, leurs assises sociales. Le cas des enfants soldats n'est pas le moindre des casse-têtes auquel les Etats concernés doivent lui trouver une solution équitable sans aggraver le traumatisme de jeunes passés sans transition de l'enfance à la vie de soldat. L'autre difficulté, directement liée aux suites de l'après-guerre, concerne prioritairement les réformes de la justice, d'une part, qui aura à jouer un rôle prépondérant dans la réinsertion des ex-combattants, de l'armée, d'autre part, dont le rôle n'est pas moins important dans la démobilisation des effectifs excédentaires auxquels il faut trouver des occupations. Ce qui n'est guère évident pour des pays dévitalisés par de nombreuses années de guerres civiles avec toutes les retombées négatives qu'elles ont induit sur les sociétés et les économies de ces pays. L'autre problème qui sera examiné par la conférence de Kinshasa est celui des «rebelles étrangers» qui se compteraient en milliers, notamment au Congo démocratique où des guerriers de plusieurs nationalités ont pris part aux combats entre 1998 et 2003. Que faire de ces «étrangers», d'autant plus que leur démobilisation et leur réintégration dans le circuit social posent problème. Par ailleurs, les programmes lancés par l'ONU se heurtent à d'autres obstacles, politiques et financiers, aussi insurmontables que le sont le désarmement et la réinsertion qui demandent autant de moyens financiers que de volonté politique de la part des autorités locales. Cela n'est pas toujours le cas avec comme retombées des retards qui sont préjudiciables pour la stabilité même de ces pays avec l'éventuel retour aux affrontements que les experts n'écartent pas en fait. Ainsi, le responsable de l'ONU pour la réforme du secteur de la sécurité, Renner Onana, estime qu'à la fin du programme DDR, lancé en 2004, environ 150.000 démobilisés devront être réinsérés. «Si rien n'est fait pour leur réinsertion, il suffit qu'un leader local réarme 15% de ces ex-combattants pour replonger le pays dans l'instabilité», a-t-il, par ailleurs, averti. Or, dans nombre de ces pays, les démobilisés estiment que le DDR est «d'échec» accusant les autorités d'avoir «largement détourné leur argent». Les problèmes de l'après-guerre dans ces pays africains est réel, d'autant plus qu'il n'y a pas eu de vrais progrès depuis la fin des hostilités laissant planer la menace d'une reprise des violences qui ne servent aucun intérêt, certes, pas celui de l'Afrique.