Plus de 1 000 familles sont en attente d'eau, de gaz, d'électricité et d'assainissement dans ce quartier, situé à quelques centaines de mètres du siège de la wilaya. Situé pourtant presque au cœur de la ville de Tizi Ouzou, à quelque 200 m du siège de la wilaya, le lotissement Mallouli ressemble beaucoup plus à un village de haute montagne abandonné par ses habitants qu'à un quartier de la ville, chef-lieu de wilaya, qui se dit prête à rivaliser avec un grand nombre de villes en matière de développement et d'aménagement urbain. Pour entrer dans ce lotissement, qui offre de loin l'image d'une cité où il ferait bon vivre, on emprunte une piste poussiéreuse des plus dégradées. Par endroits, des eaux usées sont déversées en plein milieu de cette piste bordée d'oléacées et de figuiers à l'état sauvage, visiblement jamais entretenus. Au cœur de ce lotissement, on ne trouve que des bâtisses neuves, dont certaines sont achevées depuis quelques années et d'autres encore en chantier, pour la plupart réalisées dans le cadre LSP, coopératives et promotions immobilières. Plus d'un millier de familles devrait habiter ce lotissement, mais curieusement il est pratiquement déserté par ses habitants. “La plupart des acquéreurs des logements de ce lotissement préfèrent louer ailleurs que de venir habiter leurs nouveaux logements pourtant chèrement payés”, nous dira Bouamra Abdellah, président d'une coopérative immobilière. “Ici, il n'y a ni eau ni électricité ni gaz naturel. Les acquéreurs ont peur des maladies”, nous expliquera-t-il. Et d'ajouter : “Seuls ceux qui sont dans une grande nécessité, ceux qui n'ont pas où habiter restent dans cette cité.” Devant quelques immeubles en état d'achèvement, des ouvriers creusent depuis plusieurs semaines à l'aide de pioches et pelles. “On réalise un assainissement”, dira l'un d'entre eux. Un assainissement de fortune, réalisé avec les moyens du bord et quelques cotisations des habitants des coopératives. “On a saisi toutes les autorités à ce sujet. En vain. Nous n'avons trouvé d'oreille attentive ni auprès des services de la wilaya, ni ceux de la daïra, ni encore ceux de l'APC”, nous expliquera le président de la coopérative. “Pourtant, avant d'entamer les travaux nous avions obtenu des permis de construire, ce qui signifie que le site est considéré comme viabilisé”, dira-t-il encore. À côté de cette coopérative, plusieurs projets LSP d'une centaine de logements chacun sont en voie d'achèvement mais l'inquiétude des futurs acquéreurs reste grande. Ni assainissement, ni eau, ni gaz, ni électricité, ni route n'existent dans ce lotissement. “Ici, toutes les constructions sont réalisées ou sont en train d'être réalisées à coups de citernes d'eau achetées 1 400 DA l'unité, ce qui se répercute négativement sur la qualité et les délais de réalisation. Et tout ça au moment où l'on ne cesse de parler d'assistance et d'aide aux entreprises pour pouvoir achever le vaste programme de logements lancé dans le cadre du programme quinquennal”, dira encore un promoteur ne sachant plus à quel saint se vouer. Les entrepreneurs disent même avoir réalisé, à leurs frais, un poste pour transformateur mais que la Sonelgaz refuse d'alimenter. “Nous avons fais un branchement du cimetière à côté”, nous dira, sur place, un habitant qui comme tant d'autres, et comme tous les promoteurs de ces nombreux projets en réalisation à cet endroit, se demande à quand la prise en charge, et donc la viabilisation, de ce lotissement paradoxalement enclavé alors qu'il est situé pratiquement au centre-ville de Tizi Ouzou. Samir LESLOUS