Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Photo : Riad L'eau, le gaz et «l'insécurité» ont été les dernières raisons en date de la colère des habitants de la wilaya de Tizi Ouzou. Des secteurs qui se targuent pourtant d'avoir fourni des efforts depuis le début des années 2000 pour rattraper le retard du développement accumulé ; mais la population locale n'en est pas moins soumise à des pressions quotidiennes pour des revendications et des demandes qui n'ont pas lieu d'être étant basiques et naturellement disponibles, à la portée du dernier apprenti gestionnaire. Mais quand la volonté politique fait défaut, le reste ne suit pas ; parce que ce n'est pas en 2010, avec une conjoncture financière favorable (du moins dans le discours ambiant) qu'on va arriver à faire patienter la population qui souffrent des «contraintes» pour des questions de connexion aux réseaux de gaz et d'AEP, de sécurité, ainsi que d'assainissement sans compter les vrais problèmes de fond tels que le chômage dont le taux ahurissant en Kabylie tue toutes les promesses, le logement, les loisirs, etc. Ainsi, après les habitants de plusieurs villages de Bouzeguène, à 70 kilomètres de Tizi Ouzou, qui ont bloqué, il y a quelques jours, pendant une journée tout ce qui représente l'Etat et le secteur public (mairie, daïra, société de gaz et d'électricité) pour «dénoncer» des retards dans les branchements au gaz de ville, des résidants de la Haute-Ville de Tizi Ouzou ont réagi de plus forte manière samedi dernier (22 mai) en fermant la route, déjà en état de dégradation, qui traverse leurs quartiers et qui relie le village de Redjaouna où est implanté l'unique sanatorium (Belloua) de la région à la ville de Tizi Ouzou. La raison ? «Dénoncer» les coupures d'eau qui seraient dues à une panne du réseau et qui durent depuis plusieurs jours en ce début de l'été. Les habitants du village Issiakhène Oumeddour, périphérie est du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou, ont bloqué pendant des heures la RN 12, le plus important axe routier de la wilaya de Tizi Ouzou, pour réitérer leur plate-forme de revendications concernant le règlement des problèmes liés au réseau d'AEP, à l'assainissement, les infrastructures de base (polyclinique, maison des jeunes, salle de jeux, etc. Les manifestants avaient exigé la présence sur place du wali et refusé de voir les autres responsables locaux qui n'auraient pas tenu leurs «promesses» auparavant. «Nous avions maintes fois exprimé nos doléances aux responsables de la daïra, sans suite…» disaient les jeunes en colère. Tournant autour des mêmes préoccupations, des habitants des quartiers du chef-lieu de wilaya avaient fulminé contre l'«attente interminable». Les résidants des tours-villas, de la Nouvelle-ville, sud-ouest et des cités Bekkar, Krim Belkacem et Eucalyptus revenaient dans leur action sur des demandes d'amélioration de l'alimentation en eau potable, de ramassage régulier des ordures, de réfection des routes qui mènent aux lotissements et quartiers, de réalisation du plan d'aménagement urbain, de viabilisation des cités, etc. Des mois après ces journées de protestation de rue, il semble qu'aucun des problèmes soulevés n'a trouvé de solution à la hauteur des besoins des habitants des cités délabrées, sachant la lenteur légendaire d'avancement des chantiers dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il ne faudrait pas s'étonner si, l'hiver prochain, la liste des «manques et absences» reste la même et revient sur le devant de la scène sociale avec plus de violence encore à l'encontre de l'administration locale. Il suffit de constater l'état délétère dans lequel est abandonné le chef-lieu de wilaya où circuler en voiture ou à pied n'est pas une sinécure. La saleté y a élu durablement domicile. C'est l'anarchie la plus totale, c'est le bazar devant le CHU Nedir Mohamed et beaucoup d'autres institutions étatiques ! Plus au sud de Tizi Ouzou, c'est «l'insécurité» qui fait réagir les villageois. La semaine dernière, dans la commune de Souk El Thnine, des comités de village ont paralysé par une grève générale toute la pauvre localité. Un mouvement suivi en masse par la population qui a annulé le marché hebdomadaire et par les travailleurs de la fonction publique qui ont débrayé en signe de solidarité avec la population. La fin du cycle des émeutes en Kabylie n'est pas pour demain.