Coup de théâtre, jeudi matin, au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, où l'entraîneur de la JS Kabylie, Kamel Mouassa, a brillé par son absence, et la séance d'entraînement a été assurée par Moussa Saïb. Renseignements pris, l'on a fini par savoir que Mouassa avait décidé, la veille, de jeter l'éponge. Il est vrai que des indices de séparation entre la JSK et son coach étaient quelque peu perceptibles durant toute la semaine dernière, surtout après l'amère défaite concédée en Ligue des champions face à l'Etoile du Sahel au stade du 1er-Novembre. Déjà, lors de la séance de reprise hebdomadaire de lundi dernier, à la forêt de Bouchaoui, Kamel Mouassa s'était présenté à l'entraînement avec une bonne heure de retard, ce qui n'était guère dans ses habitudes. Et si Mouassa avait fini par diriger normalement la séance d'entraînement du lendemain mardi à Bouchaoui, et surtout celle de mercredi au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou mercredi matin, il était donc aux abonnés absents jeudi matin, où Moussa Saïb était chargé de diriger seul la séance d'entraînement. Renseignements pris, il s'est avéré que le courant ne passait plus entre Mouassa et Saïb, notamment à propos de la charge de travail imposée à l'équipe car Mouassa exigeait beaucoup d'efforts à l'entraînement, alors que, selon certaines indiscrétions, Saïb aurait opté pour un entraînement moins poussé en raison de la grosse fatigue cumulée par de nombreux joueurs qui n'ont pas eu de repos depuis pratiquement deux saisons. Par ailleurs, quelques joueurs se sont aussi plaints du régime draconien et de l'abus d'autorité de Mouassa à l'entraînement, ce qui n'était pas l'avis — bien sûr — de Mouassa qui, au contraire, reprochait à ses joueurs, et c,e depuis son retour à la JSK une certaine nonchalance et un manque de sérieux et de discipline à l'entraînement comme en compétition. “Certains joueurs ne méritent pas de porter les couleurs d'un club aussi prestigieux que la JSK. Ce sont des enfants gâtés et des tricheurs qui sont loin des exigences du football professionnel”, dira-t-il quelques jours avant d'avoir décidé de jeter l'éponge. Et si Mouassa était donc absent à Tizi Ouzou durant tout ce week-end, nous avons réussi par contre à joindre le président Hannachi qui nous a confirmé le départ de Mouassa. “Malgré toutes nos assurances, Mouassa a décidé de partir. Il a décidé en toute âme et conscience. Qu'il assume et c'est peut-être une bonne chose pour lui et pour le club dans la mesure où il donnait déjà l'impression d'être démissionnaire, alors que le courant ne passait plus entre lui et les joueurs. Il y a des choses que je ne peux révéler concernant les deux matchs joués contre l'Etoile du Sahel. Et si Mouassa a décidé de se retirer, nous respectons sa décision et je vous informe que nous sommes déjà en contacts très avancés avec un entraîneur corse qui a déjà entraîné, la saison dernière, le Sporting de Bastia, mais aussi l'entraîneur serbe Milo Sloban qui était déjà en pourparlers avec nous en juin dernier après le départ de Azzedine Aït Djoudi”, dira Hannachi qui estime que Mouassa n'a pu supporté la grosse pression du public après la double défaite concédée face à l'Etoile du Sahel. Ce qui a hypothéqué définitivement les chances de qualification de la JSK pour les demi-finales de la Champion's League africaine. “La pression fait partie du football, et chacun d'entre nous devait assumer pleinement ses responsabilités. Personnellement, j'ai été aussi ciblé par le public au même titre que Mouassa, mais j'ai gardé la tête froide et je fais preuve d'une grande sérénité car j'estime que la JSK possède un bon effectif, et que avec une bonne prise en charge de tous les joueurs, nous sommes capables de jouer les premiers rôles en championnat”, conclut le président de la JS Kabylie. Mouassa : “Trop d'interférences dans mon travail !” Après plusieurs tentatives, nous avons pu joindre finalement Kamel Mouassa pour nous éclairer quelque peu sur cette nouvelle donne dans la gestion de la barre technique de la JSK. “Si je suis revenu à la JSK, c'est beaucoup plus par respect à ce club et son président, mais j'ai malheureusement constaté que beaucoup de choses ont changé dans la mentalité et la discipline des joueurs”, dira Kamel Mouassa qui ajoutera que “les prérogatives des uns et des autres n'étaient pas claires”. Sans porter d'accusation nominale sur qui que ce soit, Mouassa dira qu'“il y avait trop d'interférences dans mon travail, et si je suis venu pour donner un coup de main au club, je ne suis pas là pour polémiquer avec qui que ce soit. La JSK a besoin de calme et de sérénité, et il faut laisser passer l'orage”, se contentera de dire Mouassa. “C'est vrai que j'ai dirigé l'entraînement de mardi, mercredi, mais je me suis longuement entretenu mercredi soir avec le président Hannachi car la situation au sein de l'équipe était complexe, et il n'était pas possible de continuer à travailler dans de telles conditions”, enchaînera Mouassa sans pour autant confirmer s'il était partant ou non. Mais si les langues n'ont pu se délier, il est clair que le courant ne passait pas entre Mouassa et Saïb car il était bel et bien prévisible, en fait, que cette option de “co-entraîneurs” prônée dès le départ était bien vouée à l'échec, car au fil des jours, des points de discorde et de divergence auraient été dénombrés, et le “crash” était bel et bien prévisible. Saïb : “Je n'assure que l'intérim !” Pour pallier l'absence de Kamel Mouassa, c'est Moussa Saïb qui a donc dirigé l'entraînement des Canaris, jeudi matin au stade du 1er-Novembre. Questionné au sujet de cette nouvelle donne, Saïb dira : “Je ne suis au courant de rien. On m'a appelé pour diriger l'entraînement en l'absence de Mouassa, et je ne suis là que pour assurer l'intérim en attendant que la situation s'éclaircisse.” À propos d'éventuels tiraillements avec Mouassa, Moussa Saïb a tenu à démentir de telles allégations. “Je n'avais aucun problème avec Mouassa qui était le maître à bord pour entraîner et diriger l'équipe. Pour preuve, j'assume depuis quelque temps la fonction de directeur sportif, et je n'avais aucune main-mise sur la gestion technique de l'équipe si ce n'est que je me permettais de donner quelques avis de temps à autre à Mouassa en personne”, dira encore Saïb, qui de connivence avec le manager Benhamlat, a arrêté le programme de travail hebdomadaire de l'équipe en attendant qu'il y ait un... pilote (et un seul) dans l'avion. M. H.