L'énigme intrigue les entraîneurs des dix-sept adversaires du Bayern Munich : comment arrêter Franck Ribéry, impressionnant depuis le début du championnat d'Allemagne, au point de frustrer les joueurs chargés de le marquer, comme ceux d'Hanovre lessivés (3-0) samedi lors de la 3e journée. En trois journées, le Bayern, transformé par les 70 millions dépensés pour Ribéry, Luca Toni et Miroslav Klose, a fait oublier sa piteuse saison 2006-07 en réalisant le meilleur début de saison de son histoire (9 points, 10 buts marqués, aucun encaissé). Ribéry est la pièce maîtresse de ce sans-faute : passeur décisif contre Rostock (3-0) et buteur à Brême (0-4), il est, depuis samedi, la cible d'un traitement particulier, voire violent. L'ancien Marseillais a “pris” bien des coups de la part de l'un de ses gardes du corps, Altin Lala, comme à la 34e minute, où l'Albanais le fauchait sous les yeux de l'arbitre et écopait d'un avertissement. En colère, le Français prenait à partie Lala, esquissait même un coup de tête en sa direction, avant que les deux joueurs ne soient séparés par l'arbitre. “Les arbitres doivent faire attention à ce genre d'action, c'est leur boulot. Cela valait un carton rouge direct”, a insisté le milieu offensif du Bayern. Si Lala a finalement vu rouge, après un deuxième avertissement pour une faute sur Ze Roberto (45'+1), Ribéry a pris conscience que ses époustouflants débuts n'étaient définitivement pas passés inaperçus. “Il y a un peu d'agressivité à mon égard”, a-t-il souri. Les dirigeants du Bayern s'inquiètent des coups reçus par le plus cher transfert de l'histoire de leur club (26 millions d'euros). “Un tel joueur doit être protégé”, s'est emporté son entraîneur Ottmar Hitzfeld. “Il est attaqué par derrière, il ne peut pas voir les coups arrivés : les arbitres doivent intervenir”, a renchéri Mark van Bommel, l'international néerlandais pas spécialement réputé pour sa sobriété dans les contacts et duels. Durant la rencontre, Uli Hoeness, le manageur général du club bavarois, s'est même plaint à l'entraîneur de Hanovre, Dieter Hecking, du comportement de ses joueurs. Même si la fascination qu'exerce Ribéry en Allemagne dépasse le simple cadre du Bayern Munich, les récriminations des dirigeants bavarois n'ont guère de chance de susciter de sympathie, même si le sélectionneur allemand Joachim Löw a regretté récemment le football parfois trop physique et rugueux pratiqué en Allemagne. “Je n'ai blessé personne : si le Bayern est en plus soutenu par les arbitres, il sera imbattable”, a ainsi remarqué Lala. “Avec ses dribbles, ses talonnades et ses passements de jambe, Ribéry provoque ses adversaires”, a noté Udo Lattek lors d'une émission de la chaîne sportive DSF Dimanche. “Je ne dis pas qu'il faut faire des fautes pour “abattre” Ribéry, mais il est tellement plus rapide et techniquement meilleur que ses adversaires que ceux-ci n'ont souvent pas d'autres choix”, a poursuivi l'ancien entraîneur du Bayern. Ribéry, lui, apprécie toujours autant la Bundesliga : “Je suis tout simplement heureux, que ce soit sur le terrain ou hors du terrain, je me sens bien”, a souligné le natif du nord de la France, sacré, par une presse enthousiaste, “nouveau roi du Bayern et de Bavière”.