Malgré l'élimination de la JSK qui n'a pu donc accéder aux demi-finales de la Ligue des champions, les vestiaires kabyles respiraient la grande euphorie, samedi soir, au complexe sportif Moulay-Abdellah de Rabat où les Canaris venaient de partager les points (1-1) avec les FAR de Rabat. Et s'il n'y eut pas la moindre place pour la déception, c'est que, en fait, les Canaris en leur for intérieur ne croyaient pas tellement au miracle dans la mesure où ils savaient pertinemment que les Libyens de l'Ittihad n'allaient guère baisser l'échine dans leur propre fief, face à une formation de l'ES Sahel déjà qualifiée depuis belle lurette et qui devait donc évoluer en roue libre. Et lorsque l'arbitre sénégalais, Abdou Diouf, accordait un penalty généreux aux Marocains, que Benkassou transformait imparablement (22'), c'était donc mal barré pour la JSK qui se retrouvait alors dans une position très inconfortable de lanterne rouge du groupe. Lorsque les Kabyles surent, au repos, que l'Ittihad Libye menait déjà au score à Tripoli face aux Tunisiens (1-0), c'était déjà le scénario catastrophe pour les Vert et Jaune. C'est dire qu'après le repos, il ne restait qu'à sauver les meubles pour tenter tout au moins d'égaliser et de préserver cette troisième place avec tout ce qu'elle contenait comme consolation et surtout en retombées financières. En misant carrément sur la carte de l'offensive avec un schéma tactique approprié en 3-4-3, Moussa Saïb avait exhorté ses poulains à jouer leur va-tout pour sauver l'honneur et sortir de la compétition par la grande porte. l'on vit alors une JSK beaucoup plus entreprenante et beaucoup plus offensive, ce qui mit en difficulté l'équipe marocaine qui donnait la nette impression de vouloir préserver, à tout prix, son avance et procéder par des contres judicieux amenés par des techniciens très futés tels que Kadioui, Bendriss et surtout le remuant Ouaddouche. Certes, les FAR réussirent à se créer quelques brèches grosses comme ça au sein de l'arrière-garde kabyle, mais l'excellent Chaouchi avait redoublé de vigilance et fait preuve d'anticipation à deux reprises pour sortir très loin de sa surface de réparation et éviter le KO à son équipe. Mais force est d'admettre que, à l'opposé, la JSK s'était créé un plus grand nombre d'occasions de but et aurait pu niveler aisément le score et aspirer même à la victoire, si les attaquants kabyles avaient fait preuve d'un peu plus de sang-froid et de précision face au gardien international Djarmouni, auteur de quelques arrêts tout simplement miraculeux, notamment sur deux reprises instantanées de Saïbi et un tir puissant de Hamouda. Finalement, les efforts de la JSK furent récompensés en fin de partie. Le coaching de Saïb fut finalement payant lorsqu'il fit entrer à la fois deux attaquants frais qui ont pour noms Hemani et Derrag. Au bout du compte, ce fut le dernier nommé qui constitua le joker idéal du côté algérien. Dès sa première touche de balle, il plaçait une tête rageuse sur le poteau gauche d'un Djarmouni archi-battu (73'), et ce, avant de trouver gaiement la faille au sein de la “citadelle royale”. Une ouverture lumineuse de Berramla qui aura confirmé toute sa classe et son insolence technique, et Derrag s'en allait battre d'un beau tir croisé le gardien Djarmouni (85'). Dès lors, la JSK tenait bien le point du nul qui lui permettait de reprendre sa troisième place et d'enfoncer, une fois de plus, leurs malheureux adversaires du jour. Et si la grogne était perceptible chez le maigre public du stade de Rabat, la satisfaction était visible — et prévisible — dans le camp algérien où les camarades de Abdeslam auraient pu réussir le KO parfait dans les ultimes minutes de la partie. “C'est un résultat encourageant pour le moral des troupes”, devait répéter à plusieurs reprises Moussa Saïb, lors de la conférence de presse d'après-match. “Personnellement, je n'attendais rien du match de Tripoli, car en football, il faut être réaliste. Au lendemain de la défaite face à l'Etoile du Sahel à Tizi Ouzou, je savais que les carottes étaient cuites. c'est pour cela que j'ai demandé aux joueurs de jouer pleinement le dernier match à Rabat pour se faire plaisir et terminer tout au moins à la 3e place du groupe”, dira encore Saïb. “lors de notre première participation en ligue des champions, la JSK a été éliminée au 1er tour ; l'année dernière, nous avons accédé aux poules pour ne récolter, finalement, qu'une 4e place avec quatre qualifications seulement et voilà qu'on glane sept points cette année pour se hisser à la 3e place. Je pense que la progression est palpable et que la JSK continue son apprentissage en Ligue des champions et qu'elle aura aussi aiguisé ses armes pour le championnat d'Algérie”, conclut Saïb visiblement satisfait de ce baroud d'honneur comme il l'espérait. De son côté, le président Hannachi était plutôt partagé entre la satisfaction d'avoir réussi un sursaut d'orgueil et une grosse frustration de ne pas avoir pu accéder aux demi-finales de la champion's Ligue. “Je suis satisfait et triste en même temps”, devait-il déclarer. “Satisfait que la JSK a prouvé qu'elle a une bonne équipe, jeune, disciplinée et perfectible, mais déçu au fond de moi-même car nous aurions pu passer aisément en demi-finale, si la FAF ne nous a pas perturbés en nous prenant nos trois meilleurs joueurs pour les jeux africains en phase cruciale de ligue des champions et que si le public de Tizi Ouzou s'était mieux conduit lors du match face à l'Etoile du Sahel. Maintenant que nos joueurs ont bien terminé le parcours, il faudrait que ce même public les aide désormais pour bien gérer la suite de la saison”, conclut Hannachi. Quant au buteur du jour, Mohamed Derrag, il fut longuement félicité par ses coéquipiers et ses dirigeants en fin de partie. “Je suis très heureux d'avoir marqué le but de l'égalisation, mais c'est toute l'équipe qui a sué pour revenir à la marque”, dit-il. “La saison dernière, je n'ai pas joué régulièrement pour plusieurs raisons ; j'espère que l'on me donnera davantage de chances cette saison pour prouver que j'ai ma place à la JSK”, ajoutera l'ex-attaquant de l'OMR visiblement heureux d'avoir enfin inscrit son premier but sous les couleurs kabyles. Et s'il a réussi en ligue des champions, il est évident que le baptème du feu aura certainement eu une saveur toute particulière. Hamza Yacef rend visite à la JSK Même s'il a disputé, samedi après-midi, un match amical avec son nouveau club, le WA Casablanca, Hamza Yacef a rallié Rabat en cours de soirée pour saluer ses ex-coéquipiers de la JSK qui avaient été conviés à une réception offerte par l'ambassade d'Algérie au Maroc. Les photos souvenirs et les boutades ont alors agrémenté la soirée du fait que Yacef reste le boute-en-train de l'équipe kabyle. “C'est un immense bonheur de me retrouver parmi les miens, car je ne risque pas d'oublier la JSK qui m'a tout donné”, nous dira Yacef. M. H.