“Il est plus dangereux de conduire sur nos routes que sur des circuits de Formule I ou III en Europe. Il y a une hécatombe aujourd'hui sur nos routes, c'est inacceptable.” Ces propos tenus par Nassim Sidi Saïd, pilote professionnel de Formule III, ont donné le ton au séminaire maghrébin sur la prévention et la sécurité routières, ouvert hier à Sétif. La crainte, en somme légitime, de Sidi Saïd renseigne bien sur la tragédie qui frappe encore les routes algériennes. La courbe des accidents de la circulation est, d'année en année, en continuelle hausse. Chaque semaine, un crash d'avion de l'ampleur de celui de Tamanrasset est enregistré sur nos routes, pour paraphraser le pilote de Formule III. Les chiffres présentés, hier, au colloque dont les travaux ont été inaugurés par le ministre des Transports, M. Sellal, sont sans conteste effarants et alarmants. L'on a dénombré, pour l'année 2002 seulement, pas moins de 41 754 accidents qui ont fait 4 314 morts et 57 013 blessés dont 3 500 handicapés à vie. Une moyenne de 12 victimes et de 120 blessés est enregistrée chaque jour. Comparativement à l'année 2001, l'on note une “croissance” de 8,19% en terme de nombre d'accidents ou de tués. Les intervenants qui se sont succédé à la tribune ont relevé, unanimement, que le facteur humain est la source principale des accidents survenus, autrement dit, l'excès de vitesse. Ces accidents causent, au-delà de la perte de vies humaines, une perte économique de l'ordre de 25 milliards de dinars, soit 1,5% du PIB. Les statistiques officielles ressortent clairement que l'homme constitue 80% des causes liées au terrorisme routier, sinon le reste des causes concerne les défaillances mécaniques (7,4%), l'état de la route (6,2%) et les conditions climatiques (2,75%). C'est ainsi que les participants ont insisté, lors de leur interventions, sur la nécessité d'investir sur l'homme et ce, à travers des campagnes annuelles de sensibilisation et de prévention, tout en renforçant les moyens de dissuasion, c'est-à-dire les textes de lois liés à l'organisation de la sécurité routière. Des participants se sont également penchés sur le non-respect du code de la route et le fait que les pouvoirs publics observent cette anarchie sur les routes sans lever le petit doigt. Jusqu'à quand ? En effet, le ministre des Transports a annoncé la révision des textes dans le sens de mettre en place une véritable politique de sécurité routière. Il indiquera pêle-mêle le renforcement du dispositif de dissuasion, en procédant au retrait du permis de conduire, la révision à la hausse du niveau des amendes, la réactivation des comités de wilaya, ou encore l'obligation de contrôle des véhicules dont l'opération est effective depuis février dernier et qui devra toucher cette année 57 000 véhicules et l'année prochaine, l'ensemble du parc national. Une comparaison avec les bilans macabres établis dans des pays européens laisse perplexe plus d'un. Tenez-vous bien, pour un million de véhicules, la France compte quelque 280 morts, que l'Italie 136 tués, alors qu'en Algérie 1 160 morts. La situation en Algérie a donc atteint un seuil intolérable. Le directeur du Centre national de prévention et de sécurité routières a plaidé en faveur de la mise en place d'une véritable politique de prévention routière et qui, selon lui, ne pourra jamais voir le jour sans y mettre les moyens matériels nécessaires. Pour information, le budget du ministère des Transports pour les campagnes de sensibilisation et d'information ne dépasse guère les 4 millions de dinars. Cette somme dérisoire ne suffit même pas pour lancer une seule campagne. Cessons donc de faire du bricolage, si l'on veut réellement que la rencontre de Sétif constitue un nouveau départ et soit le cri d'espoir pour se mobiliser pour vaincre le terrorisme routier. D'autres communications ont abordé l'importance du contrôle technique, la problématique de la prévention routière ou encore la place de l'enfant dans les dangers de la route.La journée d'aujourd'hui qui marque la fin des travaux de ce séminaire de deux jours sera ponctuée par la poursuite des communications et des travaux d'ateliers où seront dégagées des recommandations autour de la politique de la prévention et de la sécurité routières. R. H.