Bush est au Moyen-Orient où Al-Qaïda a invité les kamikazes à se faire exploser sur son passage et où les Pasdaran iraniens ont dénoncé l'ingérence américaine dans la région par un furtif face-à-face militaire entre quatre de leurs vedettes et des croiseurs de la marine sur une des principales voies du pétrole. Son voyage, le président américain le veut historique, insistant sur les perspectives d'Annapolis et le fait qu'il aura été le premier aux Etats-Unis à mettre en pratique l'idée d'un Etat palestinien. Il a déclaré consacrer l'essentiel de son emploi du temps à aider Israéliens et Palestiniens à conclure un accord de paix avant qu'il ne quitte la Maison-Blanche en janvier 2009. Pour donner le maximum de chance à son plan élaboré à Annapolis, en présence de tous les acteurs concernés par le Moyen-Orient et sous l'égide officielle des Nations unies, Bush doit également rassurer ses alliés du Golfe que les Etats-Unis ne les laisseront pas tomber et que contre les Iraniens, le Pentagone n'emploierait la force qu'en dernier recours. C'est que le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a normalisé ses relations avec son voisin chiite, lequel a même mis sur le tapis l'idée d'un pacte de sécurité régional et qui n'a pas été rejeté, pas même par l'Arabie Saoudite. Sur ce chapitre, Bush sait que ses hôtes arabes le presseront de mettre en veilleuse son impatience d'en découdre avec Téhéran. Aucun pays arabe ne souhaite voir aujourd'hui une hostilité américano-iranienne vieille de plus d'un quart de siècle dégénérer, d'autant qu'un rapport du renseignement américain affirme que l'Iran a arrêté en 2003 son programme pour fabriquer la bombe atomique, sapant l'argumentaire de Bush. En Israël, sa première étape, Bush, qui doit obtenir quelques concessions pour le futur Etat palestinien, affirmera, en contrepartie, l'engagement américain à assurer sa sécurité dans la région et à contenir la montée en puissance iranienne. Le président américain reste, pour sa part, convaincu que l'Iran est une menace. “Nous avons une stratégie pour y faire face : les Etats-Unis se réservent l'option militaire, mais je crois que nous pouvons résoudre ce problème diplomatiquement”, devait-il déclarer à la chaîne Al-Arabiya avant de s'envoler vers Israël, première étape de son périple. Après, il se rendra en Cisjordanie pour prolonger la dynamique de la conférence d'Annapolis où Israéliens et Palestiniens s'y sont engagés à relancer un processus de paix enlisé et à rechercher avant fin 2008, un accord menant à la création d'un Etat palestinien coexistant avec Israël. Mais dans les territoires palestiniens, le scepticisme est largement répandu. Le président Mahmoud Abbas n'a pas cessé d'exhorter Bush à faire pression sur Israël pour un arrêt de la colonisation dans les territoires, le contentieux majeur. Bush est aujourd'hui, jeudi et vendredi en Israël et dans les territoires palestiniens. Il se rend vendredi au Koweït, puis à Bahreïn, aux Emirats arabes unis, en Arabie Saoudite, avant d'achever sa tournée en Egypte le 16 janvier. Comme l'Irak reste sa grande affaire, une visite surprise à Bagdad ne peut être exclue. D. B.