Stade de Ohene Djan. Spectateurs : 30 000 environ.Temps : chaud. Pelouse : en mauvais état. Arbitre : M. Codjia (BEN) But : Egypte : Abou Treika (72') Avertissements : Egypte : Ahmed Hassan (80') Cameroun : Atouba (63'), Idrissou (81') Les équipes : Egypte : El-Hadary - Saied, Gomaa, Shady - Fathy, Ahmed Hassan, Hosny, Moawad - Abou Treika (Ibrahim Saïd, 84') - Zaky (Shawky, 78'), Motaeb (Zidan, 60'). Sélectionneur : Hassan Shehata (EGY) Cameroun : Kameni - Geremi, Tchato, R. Song, Atouba - Epalle (Mbami, 64'), A. Song (Binya, 16'), Mbia, Nkong - Emana (Idrissou, 53') - Eto'o Sélectionneur : Otto Pfister (GER) L'Egypte a logiquement imposé sa loi en finale de la CAN-2008 à un Cameroun beaucoup trop limité pour opposer une sérieuse résistance (1-0), hier à Accra, se succédant à elle-même au palmarès et remportant un sixième titre qui confirme son hégémonie sur l'Afrique. Le terne contenu de cet ultime rendez-vous n'aura pas fait honneur aux Pharaons et à leurs brillantes individualités. Après avoir illuminé le tournoi par leur classe et leur technique, les solistes égyptiens se sont contentés de tuer à petit feu des Lions indomptables finalement sans crocs. Le souvenir du premier tour et de la claque subie par le Cameroun face au tenant du trophée (4-2) était sans doute encore vivace dans les esprits, expliquant la retenue des coéquipiers de Song et la prudence des Pharaons. Et c'est en seconde période que ce travail de sape a fini par payer pour définitivement mettre à terre le Cameroun. Comme un symbole, c'est le génial Abou Treika, meneur de jeu adulé dans son pays, qui a offert ce nouveau sceptre à ses coéquipiers en fin de match, profitant d'une erreur monumentale de la défense camerounaise et surtout du vieillissant capitaine Rigobert Song pour battre Kameni après un service en or de Zidan (72'). Décidément, le n°22 égyptien est l'homme des grandes finales, puisque c'est lui qui avait inscrit le tir au but victorieux lors de la CAN-2006, terrassant pour de bon la Côte d'Ivoire (0-0 a.p., 4 t.a.b à 2) à la suite d'une partie stérile. Ce sixième titre, après ceux décrochés en 1957, 1959, 1986, 1998 et 2006, couronne quoi qu'il en soit la véritable mainmise des Pharaons sur le continent. Si le trophée remporté en 2006 sur le sol égyptien avait laissé un sentiment mitigé, devant énormément au soutien du public égyptien, celui-ci n'aura souffert d'aucune contestation. Arrivée sur la pointe des pieds au Ghana avec des vedettes fatiguées par une longue saison avec les grands clubs locaux (A- Ahly, Zamalek), l'Egypte s'est révélé la formation la plus structurée des 16 participants. Un premier succès éclatant contre le Cameroun (4-2) avait justement donné le ton avant une démonstration de force face au grand favori ivoirien en demi-finale (4-1) qui a fini de consacrer les Abou Treika, Zidan, Zaky et consorts comme les rois incontestés de l'Afrique. Pour le Cameroun, cette sortie laisse un fort goût amer. Laborieux et empruntés, les Lions avaient petit à petit retrouvé leur âme et leur vaillance pour battre en quarts de finale la Tunisie en prolongation (3-2) puis éliminer le Ghana, pays organisateur en demi-finales (1-0). Mais le mental et le cœur, ou le coaching d'Otto Pfister (titularisations surprises de Nkong et d'Epalle) n'ont pas suffi et les défauts de la sélection camerounaise, notamment en défense, sont réapparus subitement au grand jour. Les Lions mettent tout de même fin à deux ans de disette marqués par une CAN-2006 terne (élimination en quarts de finale) et une non-participation au Mondial-2006. Une bien maigre consolation même si aucune équipe n'était véritablement en mesure d'arrêter la marche triomphale des Pharaons vers les sommets. Les joueurs-clés de l'Egypte Mohamed Abou Treika Le meneur de jeu des Pharaons, seul buteur et héros de la finale, a fait admirer, tout au long de l'épreuve, sa subtile technique et son sens du but incomparable (4 réalisations). Arrivé fatigué et malade après une longue saison avec le grand club égyptien d'Al-Ahly, Abou Treika a d'abord été utilisé comme un joker de luxe par le sélectionneur Hassan Shehata avant d'éclipser définitivement le capricieux Zidan dans le onze de départ à partir des quarts de finale. Adulé dans son pays, il n'a jusqu'ici encore jamais cédé aux sirènes de l'étranger. Mais à 29 ans, il est mûr pour le grand saut. S'il le veut. Ahmed Hassan Le capitaine emblématique des Pharaons, annoncé sur le déclin avant la CAN, rend encore de fiers services à son équipe à bientôt 33 ans (il les fêtera le 2 mai). Dans un rôle à la Deschamps ou Dunga, juste devant la défense, il a pris une part prépondérante dans le succès égyptien face à la Côte-d'Ivoire (4-1) en demi-finale en bloquant les ballons adressés à Drogba. L'homme aux plus de 130 sélections est encore loin de la retraite. Essam El Hadary Il est celui qui a écœuré le grand Drogba en demi-finale. Ce soir-là à Kumasi, il a sorti toute la panoplie qu'un grand gardien doit posséder : arrêt réflexe sur sa ligne, parade aérienne, sortie dans les pieds de l'attaquant et... un zeste de chance. Déjà sacré en 2006, El-Hadary est désormais une référence en Afrique. Amr Zaky Titulaire en attaque tout au long du tournoi, le buteur du Zamalek a parfaitement assumé son rôle en étant surtout décisif dans les matches à élimination directe, après avoir ouvert son compteur personnel lors du dernier match de poules contre la Zambie (1-1). Il a marqué le dernier but du quart de finale contre l'Angola (2-1), peu après l'égalisation des Palancas Negras, et réussi un doublé en demi-finale contre les favoris Ivoiriens (4-1). Il était déjà un héros en Egypte depuis la CAN-2006 et son but vainqueur en demi-finale contre le Sénégal (2-1), marqué peu après son entrée en jeu à la place de la star Mido, sorti du terrain en insultant son entraîneur. Hosny Abd Rabou Lui aussi a marqué 4 buts dans le tournoi, mais il a transformé trois penalties. Le coup de pied de réparation est sa grande spécialité et il était peut-être également le plus heureux des Egyptiens hier soir. Abd Rabou, passé par Strasbourg (2005-07) où il a peu joué (22 matches), avait dû renoncer, la mort dans l'âme, à la CAN-2006, quelques jours avant le début du tournoi, en raison d'une blessure. Il était pourtant déjà un des titulaires des Pharaons.