Résumé : Salim n'est pas l'homme que Hadjer pensait. C'est plutôt quelqu'un de mûr et d'instruit qui sait ce qu'il fait. La preuve est là : il l'a contactée pour lui avouer son intention de rompre avec elle. Une aubaine. Leur union n'arrangeait personne. Hadjer eut le souffle coupé par toutes ces révélations. Elle se sentit vulnérable à côté de la sagesse de Salim. Ce Salim qu'elle dénigrait et humiliait, il y a à peine quelques heures. Et bien qu'elle comprit le but de cette ultime invitation de son mari, Hadjer voulait avoir le cœur net et se hasarda à demander - Et… et pourquoi voulais-tu me voir aujourd'hui ? - Eh bien pour te dévoiler certaines choses, Hadjer. Je présume que tu es contre ce que nos parents, disons plutôt nos grands-parents, avaient décidé pour nous et que tu n'as jamais voulu de ce mariage. - Oui… Et jusqu'à ce matin je tremblais à l'idée de devoir fixer avec toi une date déterminante. - Nos parents l'ont déjà fixée, tu le sais bien. - Oui… mais toi, tu y tiens toujours ? - Non. - Non ? Alors tu veux changer cette date ? - Pas uniquement la date. - Que veux-tu changer d'autre alors ? - Tout, y compris la mariée. Hadjer jette un coup d'œil à Nadia. Cette dernière arbore un sourire triomphal et garde le silence. - La mariée… tu veux dire que tu vas épouser Nadia ? - Oui. Si tu n'y vois aucun inconvénient, je vais, dès demain, entamer les démarches de notre divorce. - Divorce ? Hum, c'est peu dire… tu ne trouves pas ? - Eh bien, disons l'annulation de notre acte de mariage si tu préfères. Mais je ne veux en aucun cas te forcer. Si tu tiens à ce mariage, je… - Non ! s'écrie Hadjer. Elle avait élevé la voix et quelques têtes se tournèrent vers eux. - Non, reprit-elle plus doucement. Salim tu es plus intelligent que je ne le pensais. - Merci, tu me prenais donc pour un idiot ? - Oui, non... enfin, oublie un peu le passé. Je veux plutôt savoir comment tu vas t'y prendre avec nos parents ? - Très simple. Dès ce soir je mettrais mon père au courant de ma décision. Je serais formel, s'il refuse je quitte la maison. À vrai dire, il a bien compris et depuis longtemps déjà que j'ai mon mot à dire dans cette affaire. Seulement,chez nous la parole des anciens est sacrée, il ne pouvait blesser tes parents par une proposition qui les aurait peut-être choqués. Mais je crois que lorsque je le mettrais devant le fait accompli, il n'aura plus rien à se reprocher. - Waou ! et moi qui pensais… - Tu pensais quoi ? - Oh rien des sottises. - Tu croyais que je n'étais pas capable de faire de telles choses. - Oui, franchement je te prenais pour un faible, mais tu m'étonnes tellement aujourd'hui. Je te découvre Salim et c'est seulement aujourd'hui que je commence à te connaître. Elle se mordit les lèvres. Si elle avait connu auparavant sous cet angle et avec cette personnalité, l'aurait-elle ignoré ? Elle n'en savait rien. Ce qu'elle sait, par contre, c'est qu'aujourd'hui elle est attachée à un autre homme, et Salim aime une autre femme. Les jeux sont faits. - Tu n'as jamais voulu me connaître, Hadjer. À quoi cela aurait servi d'ailleurs, puisque toi-même tu refusais ce mariage. - On ne s'est pas connu assez. Comprends-moi donc Salim, les dés étaient jetés avant notre naissance, et depuis, les temps ont évolué. La preuve, aujourd'hui, c'est toi-même qui prend les devants et tu as raison. Que comptes-tu faire ? Y. H. (À suivre)