Avec une nouvelle liaison Mulhouse-Sétif inaugurée mercredi et un nouvel Airbus fonctionnel dès la fin de ce mois, Aigle Azur entend renforcer sa présence sur le marché du transport aérien algérien où ses parts flirtent déjà avec les 40%. La compagnie, rachetée en 2001 par l'entreprise Go Fast, spécialisée dans le fret, n'a cessé depuis d'élargir sa “niche”, selon le mot de son jeune directeur général, Meziane Idjerouidène. Pour représenter Aigle Azur par rapport aux grandes compagnies, il emprunte la métaphore de l'épicerie et de l'hypermarché. À 27 ans, ce titulaire d'un master en management de transport international acquis après une maîtrise d'économie et un DEA de droit, est à la tête de la compagnie acquise par son père. Avant d'hériter de ces fonctions, il s'est frotté aux métiers de base en exerçant les métiers de guichetier ou d'agent de sécurité. De 19 millions d'euros en 2001 à 280 millions d'euros en 2007, Aigle Azur a connu une croissance exponentielle de son chiffre d'affaires. En 2006, la compagnie a réalisé un bénéfice de 3,2 millions d'euros dans une conjoncture rendue difficile par la hausse constante des prix du pétrole. Aujourd'hui, les prix du carburant représentent 35% des coûts d'exploitation. D'une moyenne d'âge de 5 ans, la flotte est passée d'un appareil à 11, grâce à l'acquisition du nouvel Airbus à la fin du mois. Le nombre de passagers transportés est passé de 100 000 à 1,5 million. Quand on évoque les incidents avec le jeune DG, il ne les nie pas mais en minimise les effets. Pour lui, ils ne sont pas pires que ceux rencontrés par n'importe quelle compagnie en partant du principe qu'un retard de 15 minutes est déjà un “incident”. Tout cela se soigne avec la mise en œuvre d'un plan de communication qui inclut l'ouverture sous peu d'un site Internet, sans compter le mécénat et le développement du contact direct avec le client. Au demeurant, se flatte M. Idjerouidène, la compagnie a reçu la certification internationale IOSA. Un gage de qualité puisqu'elle prend en compte les critères de la navigation, de la formation, de la maintenance. La compagnie qui compte 110 pilotes, dispose de sa propre filiale de maintenance. Basée à Orly, elle emploie 50 personnes. Comme ses concurrents, elle se prépare aussi à la saison estivale qui voit de plus en plus d'émigrés regagner le pays pour les vacances. Avec 13 aéroports desservis, elle compte effectuer 300 vols par semaine entre la France et l'Algérie. Entre Paris et Alger, il y aura 6 vols par jour. L'ouverture de la ligne Mulhouse-Sétif permettra à ceux qui résident en Alsace d'éviter le déplacement jusqu'a Lyon, la troisième ville de France après Paris et Marseille. Si Aigle Azur se développe sur d'autres pays comme le Maroc, la Tunisie, le Portugal et plus récemment le Mali, elle guette aussi l'ouverture du marché domestique algérien. Elle en a eu une expérience avec Antinéa Airlines dans les années 1990. La compagnie avait été cédée à Khalifa. Pour M. Idjerouidène, l'ouverture d'alors avait été faite dans la précipitation. L'envol était donc voué à être brisé. Y. K.