Chiffres et faits à l'appui, le directeur général d'Aigle Azur, Méziane Idjerouidène, a, à la faveur d'une rencontre de presse, mercredi soir, au Press club de Paris, décliné le développement progressif mais sûr de la troisième compagnie aérienne de statut français depuis 2001, date de son rachat par GoFast. Une façon de communiquer « dans la transparence » et de répondre à certaines « critiques malveillantes ». Mon portable est accessible à tous les journalistes et Aigle Azur a un service de communication, lui aussi accessible à tout moment », a souligné Méziane Idjerouidène. « Aigle Azur est une compagnie qui se développe », « cela ne doit pas plaire à tout le monde ». Et de se demander si « derrière ces attaques » il n'y a pas « une volonté de déstabilisation » de la compagnie. Aigle Azur a-t-il enregistré des incidents et des défaillances ces derniers temps ? est-il demandé au dirigeant de la compagnie aérienne qui expliqueraient les écrits incriminés. « Comme toutes les autres compagnies. » De quelle nature ? « Un passager attardé au free shop, ou un oiseau lové dans un réacteur, cela représente des incidents induisant un retard de décollage de vol. J'appelle cela des incidents. » Pour balayer ces « accusations injustifiées », Méziane Idjerouidène signale qu'Aigle Azur a été ratifiée Iosa, certification qui récompense les standards les plus élevés en matière de sûreté et de qualité. Et de préciser que c'est un audit de 1200 points comprenant un volet documentaire, un volet technique, maintenance, formation des navigants (pilotes, stewards et hôtesses), mécaniciens… jusqu'aux procédures de vente. La compagnie est, par ailleurs, soumise à un audit permanent (hebdomadaire) de la part du ministère de tutelle, le ministère des Transports, comme pour toutes les compagnies françaises. Aigle Azur dispose, en outre, d'une filiale maintenance sur la plateforme d'Orly employant 50 personnes. Avec une certification européenne. Une discussion à bâtons rompus sur divers sujets s'engage ensuite avec un directeur général jeune (27 ans) et dynamique, au fait de son métier de par une formation (diplômé en économie, en management et en transport aérien) que complète une expérience de terrain (d'abord en tant qu'agent de sûreté puis à la billetterie à l'escale de Charleroi d'Antinéa, filiale de GoFast) et une enfance marquée par l'activité de son père, Arezki Idjerouidène, fondateur du groupe GoFast, et de sa mère, directrice de la filiale agences de voyages du groupe. Il est à rappeler qu'Arezki Idjerouidène, le fondateur du groupe GoFast, est arrivé en 1977 en France après l'arabisation du cursus de droit de la faculté d'Alger où il avait effectué deux ans d'études. Un proche de son village natal de Tighzirt, propriétaire d'une agence de voyages dans le quartier de la Gare de Lyon, lui propose un emploi. Il commence par vendre des billets de voyage. En 1982, il crée GoFast avec une activité de fret à destination de l'Afrique subsaharienne, essentiellement. Il franchit le pas du transport aérien en 1995 en ouvrant la ligne Le Bourget-Hassi Messaoud, moitié cargo, moitié passagers. 42 à 43% du marché France-Algérie Arezki Idjerouidène rachète en mai 2001 Aigle Azur, la plus ancienne compagnie aérienne privée européenne, créée en 1946 par Sylvain Floirat, et déjà orientée sur le Maghreb, le Liban, Madagascar et l'Indochine. Il y avait alors 40 employés et un appareil. Le nouveau propriétaire intègre un avion plus récent et développe l'activité charter. La compagnie clôture son exercice 2007 le 31 mai prochain avec un chiffre d'affaires prévisionnel de 281 millions d'euros. En 2001, le chiffre d'affaires de la compagnie au moment de sa reprise était de 9 millions d'euros. Quant aux passagers transportés, de moins de 100 000 en 2001, ils s'élèvent aujourd'hui à 1 500 000. L'activité de la compagnie se compose de 90% de vols réguliers et de 10% de vols charters. Le 26 février 2002, Aigle Azur inaugure le premier vol hebdomadaire sur l'Algérie, aujourd'hui ce sont en moyenne annuelle 200 vols par semaine au départ de sept aéroports français dont Paris, Lille, Toulouse, Lyon, Marseille, Mulhouse, vers 13 aéroports algériens. Une ligne Mulhouse-Sétif a été ouverte le 2 avril. Le gros des vols supplémentaires pendant l'été est réalisé sur l'Algérie. En moyenne, sur toutes les destinations confondues qu'elle dessert, Aigle Azur assure jusqu'à 462 vols hebdomadaires en période de pointe. L'Algérie représente entre 35 à 40% de la pointe. Aigle Azur se positionne avec 42 à 43% du marché France Algérie depuis deux ans. En termes de vente, 80% du volume s'effectuent depuis la France et 20% à partir de l'Algérie. Pour les vols supplémentaires, la compagnie n'affrète pas d'appareils, elle utilise sa propre flotte, une flotte jeune, dont l'âge moyen est de cinq ans et demi et qui se compose de dix airbus, le 11e étant attendu à la fin du mois. Aigle Azur a été la première compagnie à introduire les tarifs promotionnels en Algérie il y a cinq ans, rappelle Méziane Idjerouidène. Cet été, il y aura de nouvelles promotions sur certains vols et à certaines dates. La validation des tarifs sur ceux d'Air Algérie est obligatoire en Algérie mais pas en France. Aigle Azur dessert aussi en vols réguliers les villes marocaines d'Agadir, Casablanca, Marrakech, Oujda, Rabat, et dernièrement Tanger. Lisbonne et Porto au Portugal sont desservies en vols quotidiens à partir de Paris, et Faro très bientôt. Paris-Djerba. Depuis décembre 2007, une ligne Paris-Bamako avec deux vols par semaine. Le Maroc et la Tunisie constituent un autre type de marché que le marché algérien qui, lui, est essentiellement saisonnier. Sur le Maroc et la Tunisie, un marché touristique, l'offre et le flux sont permanents. Le taux de remplissage de la compagnie représente une moyenne annuelle de 65%. Sur l'Algérie, le système du billet électronique est en place depuis le 28 juin 2007 à partir d'Alger, Oran, Tlemcen, Constantine, Annaba, Béjaïa. Cela dépend de l'équipement des aéroports. La compagnie mettra, par ailleurs, en place un programme de fidélité courant mai. Le personnel de la compagnie est constitué de 32 nationalités. Aigle Azur compte 110 pilotes et copilotes, mais pas de pilotes à licence algérienne, la législation française ne le permettant pas. Aigle Azur, qui s'affirme compagnie citoyenne, sponsorise des opérations culturelles et sportives maghrébines. « C'est une mission régalienne. » La compagnie est partenaire de la revue du Centre culturel algérien dont la sortie du premier numéro est attendue ces jours-ci. Au titre des charges, l'augmentation du prix du carburant pèse lourdement. Alors qu'elle représentait 25% des coûts globaux, la part du carburant s'élève, depuis, à 35%. Concernant le marché domestique algérien, la perspective de son ouverture intéresse fortement les dirigeants d'Aigle Azur. « De par l'expérience d'Antinéa, nous connaissons le marché domestique algérien. L'offre actuelle est en deçà de la demande », affirme Méziane Idjerouidène.